Ancienne journaliste tunisienne, Houda El Amri est la responsable des programmes de Canal+ premium, dans le cadre d’une stratégie éditoriale adaptée aux différentes cultures d’Afrique noire. Elle est, également, conseillère éditoriale, afin d’opter pour «une grille la plus proche possible des attentes des abonnés mais également leur faire découvrir des nouveautés».
Elle parcourt nombre de festivals, notamment Cannes, le Fespaco (Burkina Faso), le festival du cinéma africain de Khouribga (Maroc) et les Journées Cinématographiques de Carthage (Tunisie), pour, entre autres, «repérer des créations qui sont susceptibles de plaire aux abonnés» et «avoir des liens privilégiés avec les protagonistes du cinéma africains et aller à leur rencontre».
Rencontre…
Farafina Culture : Canal+ International est présente de part le monde et en Afrique subsaharienne. Pourquoi ?
Houda EL AMRI : Parce qu’il y a une attente. Nos abonnés sont conquis par notre offre.
Les pionniers qui ont voulu que Canal+ s’aventure en Afrique étaient des visionnaires. Ils avaient une volonté d’aller à la recherche de nouveaux territoires dans le cadre de créer une autre dimension de la télévision. Serge Adda (ancien président-directeur général de Canal+ Horizons et ancien président de TV5Monde) disait : «La télévision de qualité est celle qui se paye», à l’instar de ce que Canal+ a réalisé en France.
L’arrivée de Canal+ a bouleversé le paysage audiovisuel africain ; c’était le cas au Sénégal (1991), en Tunisie (1992), en Côte d’Ivoire (1994) et puis dans les autres pays de l’Afrique francophone.
C’est aussi une résolution de porter à travers le petit écran de l’audace, de la qualité et aussi du soutien au cinéma en Afrique.
Miser sur l’exclusivité des programmes : cinémas, documentaires, séries, surtout le sport et être un leader dans coproduction des films, des documentaires, des courts-métrages ainsi qu’aujourd’hui des séries.
Les programmes français, la tranche du clair de Canal+ France que nous diffusons, sont regardés par des personnes désirant être au courant de ce qui se passe en France et apprécient la grande qualité des programmes, les débats et les petites capsules d’humour décalé en particulier, etc.
Comment Canal+ International aide-t-il à la production des films africains ?
Canal+ Afrique coproduit des documentaires, court-métrage, séries et particulièrement les films.
Nous avons besoin de contenus donc c’est une évidence de se positionner en acteur sérieux dans la création africaine. Canal+ est partenaire de plusieurs festivals et événement liés à la création et la promotion de talents africains. Ainsi qu’à travers l’accompagnement des formations et des ateliers d’apprentissages des métiers du cinéma et l’audiovisuel.
Beaucoup d’actions sont déployés à travers l’Afrique subsaharienne pour le soutien et la promotion du cinéma africain.
Quels sont les projets de Canal+ International en matière de cinéma africain ?
Canal + International s’est engagé dans la promotion du cinéma africain à travers les coproductions.
Mais, à mon humble avis ce n’est pas seulement à Canal + de faire ce travail nécessaire.
Les états des pays africains peuvent de leur côté donner les moyens nécessaires d’aider les cinéastes, les diffuseurs et toutes les personnes qui sont en charge de la Culture.
Ouvrir des salles de cinéma, des maisons de cultures pour une meilleure diffusion des films et habituer le public au cinéma africain dit non accessible. Rien n’est impossible, tout est dans la volonté d’agir.
Le cinéma africain évolue et de plus en plus, il est reconnu et réussi. Des films sont d’une grande qualité esthétique cinématographique, d’auteurs, pointus, beaux et primés dans les festivals ; mais hélas boudés par le téléspectateur africain lambda !
La télévision est un relais en second lieu du cinéma, si nos abonnés ne s’intéressent pas aux films africains, ce n’est pas à Canal + seul d’agir. Je pense aux paroles d’Umberto Eco (NDLR : écrivain italien) : «La télévision abrutit les gens cultivés et cultive les gens qui mènent une vie abrutissante» ! Cependant, je ne dirais pas abrutissante mais difficile.
Canal+ reste leader dans le secteur de la promotion des programmes et d’un cinéma de qualité, il doit en même temps prendre en compte l’avis des abonnés.
Le continent subit des invasions d’images de tout bord, des histoires et des concepts qui font rêver le téléspectateur africain à distance avec des produits souvent médiocres et de bas de gamme.
Alain Gomis (NDLR : réalisateur franco-sénégalais) disait : «Il faut arrêter de faire rêver avec des produits venus d’ailleurs, on a tout ce qu’il faut pour faire rêver sur notre continent».
C’est le projet de Canal+ Afrique : aider la création de l’intérieur avec les protagonistes du cinéma et les talents africains.
Propos recueillis
par Zouhour HARBAOUI