Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de ceux qui font dans l’événementiel culturel, mais faut leur dire que trop de culture pourrit la Culture. Et qui dit pourriture, dit puanteur pestilentielle…
Ils sont en train de pourrir la Culture, la vraie. Celle qui nous fait quitter chez nous par tous les temps, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il brûle d’un soleil ardant. Ils sont en train de pourrir la Culture, la vraie, en lui donnant une puanteur pestilentielle, où tout le monde met son grain de sel pour son propre intérêt. Ils sont en train de pourrir la Culture, la vraie, en faisant croire qu’elle peut lutter contre l’intégrisme et tout autre extrémisme -ce qui est, soit dit en passant, complètement faux.
Entre mai et maintenant, ma boîte mail a vomi toutes les invitations à des conférences de presse pour des événements culturels. Du coup, pour soigner ma boîte, ben je sélectionne les messages et je clique sur «corbeille». Et bye, bye… Les mails que j’élimine sans même les ouvrir ce sont ceux que m’envoie le service communication de la Cité de la Culture. Par contre, pour les autres, je fais un effort (surhumain parfois) pour les ouvrir et les parcourir (en diagonal). Puis, je clique sur supprimer. Et le tour est joué !
Attention, je ne suis pas contre la Culture, mais cette dernière ne se réduit pas à un laps de temps et à quelques domaines. La Culture est tellement large qu’il faudrait plus d’une vie pour la maîtriser, ou du moins une petite partie.
Quand je parle de laps de temps, c’est parce que j’ai l’impression qu’au niveau de la Culture chez nous, on concentre tout dans une même période et pour le reste de l’année, ben rien, nada à part les expositions. C’est bien les expositions, parce que, des fois, on se rend compte que l’art est tombé bien bas chez nous. Et on appelle ça de la création…
On a l’impression, ou plutôt j’ai l’impression de me retrouver face à un bilan d’entreprise. Il faut vite remplir d’activités pour justifier telle ou telle dépense. Janvier, février, mars, avril, rien. Mai, juin, surplus d’activités culturelles en attendant l’été et ses festivals, durant lesquels les gens iront écouter des artistes qu’ils peuvent écouter chez eux à moindre frais. Payer plus de 20 dinars pour voir un pantin gesticuler sur scène (ouais parce qu’en général, et surtout au festival de Carthage, si on n’arrive pas trois bonnes heures avant le spectacle ou si on n’a pas pris des billets chaises, on voit seulement un machin gesticuler sur scène), pour moi, c’est le comble du ridicule.
Bref…
Pendant le mois de Ramadan, j’ai boycotté les activités culturelles, comme le Festival de la Médina parce que, pour moi, il a perdu de sa valeur et nous présente depuis quelques années du remâcher. Pour juin, idem, je boycotte les activités culturelles, parce que c’est comme pendant le mois du Ramadan avec les pubs télé. Vous en avez à vous en écœurer ! Ben voilà la Culture, c’est comme la pub télé pendant le mois Saint : c’est à vous en écœurer. Donc, pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité, ben j’ai décidé de ne rien couvrir. Même pas les Journées chorégraphiques de Carthage.
La troisième guerre mondiale a débuté
Il est vrai que j’aurais pu prendre comme prétexte que je ne comprends rien à la gestuelle de la danse -ce qui est à moitié vrai et à moitié faux-. Cependant, j’ai pris la décision de ne pas couvrir cet événement pour une tout autre raison. L’année dernière, j’ai couvert cette manifestation, et certains, dans l’organisation même de ces journées, ont essayé de me remonter les bretelles à cause d’un article d’un spectacle de danse qui avait eu lieu à l’Institut Français de Tunisie et dans lequel j’avais mis, quelque peu, à l’index Sophie Renaud, directrice de l’IFT, et son discours néo-colonialiste, datant de début juillet 2018 et que j’avais intitulé «Entre le top de Beugré et le flop de Renaud». Me remonter les bretelles, moi ? Ça se voit qu’ils me connaissent mal… Si certains dans l’organisation veulent faire de la lèche à l’IFT, ben qu’ils continuent. Moi, je ne cautionne pas ! On m’a dit, à l’époque, que le ministre des Affaires culturelles allait s’occuper de cette histoire, car mine de rien la Renaud là, elle a insulté les Tunisiens, les traitant à demi- mot d’incapables. Et le ministre, qui devait s’occuper de cette affaire, ben je crois qu’il a laissé couler. Ouais, parce que c’est mieux pour lui, il aurait moins de thune à casquer. Oui, parce qu’en un institut étranger est partenaire d’un festival, ben c’est lui qui débourse pour le spectacle qu’il sponsorise.
A propos d’instituts étrangers en Tunisie, je crois que la troisième guerre mondiale a débuté entre la France et l’Allemagne, à travers l’IFT et le Goethe Institut ; chacun essayant de tirer à lui la couverture de la culture tunisienne. Chacun essayant d’aider les artistes de ce pauvre pays tiers-mondiste. Cependant, ce fait n’est pas inhérent à la Tunisie, puisque dans d’autres pays de notre continent, c’est la guéguerre entre les deux Européens. Ils veulent créer des artistes tunisiens et une culture tunisienne à leur image…
Quand tout le monde met son grain de sel dans la culture, ça sent la pourriture, la puanteur pestilentielle…
Zouhour HARBAOUI