Comédienne-conteuse et auteur dramatique autodidacte, Oliva Wend-Kuuni Ouédraogo à l’état civil et sur les planches, écume les plus petits espaces de théâtre du Burkina Faso et les plus grandes scènes du monde. Avec plus de 80 créations à son actif, six tournées nationales, trois tournées internationales et plus de six cents spectacles joués en Afrique et partout dans le monde, l’artiste se consacre à un projet novateur et fondamentalement important pour la sauvegarde des cultures et traditions africaines. « Un village dans une ville », son projet en cours s’ouvrira ce 02 novembre à Ouagadougou dans la capitale Burkinabè. www.farafinaculture.com l’a rencontré.
Farafina Culture: Qu’est-ce que le festival Un village dans une ville ?
Oliva Ouédraogo: C’est une rencontre entre les habitants des villages et ceux de la ville. De nos jours, nous n’avons plus le temps ou les moyens pour aller nous ressourcer dans nos villages, revivre nos traditions. Ce festival crée cette occasion pour permettre à ceux qui souhaiteraient renouer avec leur tradition d’avoir accès aux traditions sans quitter la ville. En faisant déplacer ces populations villageoises vers la ville, le temps du festival, nous essayons de reconstituer un village artificiel au cœur de Ouagadougou, au Burkina Faso. Nous tentons de remettre au goût du jour, l’artisanat, les métiers traditionnels, les habitudes dans nos villages.
FC: Contrairement à vos objectifs, ne craignez-vous pas que ce festival éloigne les jeunes des villages ?
Ce festival est organisé par des jeunes. A la première édition, le plus âgé avait 24 ans. C’est dire l’intérêt des jeunes pour cette manifestation. Mais pour porter un tel projet, il faut connaître sa tradition. Et je puis vous assurer, que ces jeunes sont bien imprégnés dans leurs traditions. C’est une façon pour nous de créer l’envie de découvrir le village. Nous ne faisons qu’une représentation de toutes les richesses du village. Si en tant que jeune tu n’as pas une bonne connaissance de ta tradition, tu valorises quoi ?
FC: Quelles sont les grandes lignes du festival cette année ?
Nous aurons les spectacles du village et de la ville. Des conteurs et musiciens qui viennent du Bénin, du Togo, la Côte d’Ivoire, du Mali, du Canada, la France. Il y aura les ateliers de formation en tissage et en filage de coton, en lutte traditionnelle, en instrument traditionnel de musique et en conte. Nous aurons également du cirque. Nous ouvrons une lucarne aux enfants qui seront présents toute une journée.
FC: Les traditions africaines survivront-elles au village planétaire qui se met en place ?
On entend partout qu’on a tout chez nous en Afrique. Que nos traditions sont riches, etc. mais on ne les valorise pas. Tant qu’on ne repense pas notre rencontre avec l’autre sur la base de notre tradition, on n’aura jamais droit de cité. On va se fondre aux autres. Si on est convaincu que notre culture est le pilier de notre existence, il faut la mettre devant. Quel que soit ce qu’on fait, qu’on sente notre tradition, notre originalité, notre essence pour nous différencier des autres. Ne faisons pas du copier-coller, sinon on sera toujours en arrière-plan.
Propos recueillis par Sanou A.