«Rasta», du réalisateur algérien Samir Benchikh, a été sélectionné dans la section compétition officielle courts métrages. Un film qui nous laisse baba par sa violence gratuite.
L’idée au départ était bonne, mais le traitement du sujet l’est beaucoup moins. Avec «Rasta», Samir Benchikh a, sûrement, voulu continuer sur sa lancée de mettre en images ses expériences en Côte d’Ivoire. Après deux documentaires, «Côte d’Ivoire, journal intime» (moyen métrage) et «Sababou» (long métrage), le voilà en court métrage de fiction, avec «Rasta» donc.
Rempli de remords après avoir tué un rebelle qui voulait l’obliger à prendre les armes et à se battre, un jeune garçon décide de se rendre auprès de la mère du mort pour implorer son pardon et retrouver la tranquillité d’esprit dans une Côte d’Ivoire en proie à la guerre.
Le réalisateur algérien a misé sur la violence tout au long de son discours filmique. Trop de bruits, trop de cris pour rien. Cela nous a laissée baba tant nous ne savions pas où voulait en venir le réalisateur par cette violence gratuite. Il est vrai que le pays de Félix Houphouët-Boigny a connu des heures sombres, d’abord de 2002 à 2007 (crise politico-militaire) puis de 2010 à avril 2011(crise politique), mais de là à réaliser un court qui n’apporte rien de nouveau et qui montre seulement une certaine sauvagerie, c’est, comme qui dirait, se moquer.
Puis, il y a ce parti-pris : accuser les rebelles d’avoir été les méchants dans l’histoire. Point barre ! Il n’y a pas de cette neutralité dans le discours filmique. Etonnant quand ce manque de neutralité vient d’un «étranger». Car, même s’il a traversé la Côte d’Ivoire et a rencontré des personnes, il n’en reste pas moins que Samir Benchikh est un étranger. Il aurait plus jouer sur sa neutralité d’étranger non occidental. On aurait mieux compris la subjectivité si c’était un Ivoirien qui était derrière la caméra. Mais, là, un Algérien, ce n’est à n’y rien comprendre !
Les images sont balancées à la face des spectateurs sans réellement de continuité. Le repentant sert dans un maquis. Un soldat lui donne le contact d’un rebelle. L’adolescent se retrouve à la gare, puis dans un concert de reggae où il fait la connaissance suite à une violence d’un homme qui lui indique «le château d’eau», le but de l’ado. Cet homme se fait tuer par un autre homme, qui pleure la mort du rebelle trucidé par le gamin et envoie celui-ci au village pour voir la mère du rebelle. Chez la mère, le repentant se retrouve face à une violence puis la dame lui dit «tu peux repartir». Bref, c’est à donner le tournis.
Le réalisateur algérien aurait pu mener l’affaire autrement sans faire appel à autant d’agressions, même s’il a voulu montrer, par là, ce qu’ont souffert les Ivoiriens.
La direction d’acteur laisse aussi à désirer. Leur jeu sonnait faux, trop faux même pour faire vrai. Bref, «Rasta» nous a marqués que par sa violence gratuite.
Zouhour HARBAOUI
Zouhour H. à Tunis