Il s’est construit avec l’avènement des réseaux sociaux des célébrités d’une nouvelle ère. Leur haut fait ou exploit serait d’être aux antipodes des normes sociales : choquer la pudeur , fouler au pied les mœurs sociales, la violence verbale, l’exhibitionnisme, les frasques, etc. Dans ce « nouveau monde », il n’en faut pas plus pour devenir un héros ou une héroïne et faire l’objet d’une grande attraction, surtout des internautes. Comme si l’homme vertueux, courageux, inventif n’a plus de mérite aux yeux de notre société actuelle. Oui, ces vedettes des réseaux sociaux qui font l’actualité sont pourtant loin d’être des acteurs de progrès. Jugeons froidement leur contribution à la société. Quelles sont les valeurs humaines qu’elles transmettent ou construisent ? Construisent -elles une opinion de nature à changer positivement nos sociétés ? Faire l’actualité( tristement ) est différent d’un apport à la société. Une certaine presse peut leur ouvrir ses vannes pour mieux appréhender ce qu’il convient d’appeler « des avatars » de la dégénérescence des sociétés africaines en contact avec le monde extérieur, non pas en voulant tirer un quelconque profit, c’est-à-dire l’audience.
Des médias classiques, paradoxalement, voient en ces célébrités des réseaux sociaux« des bons clients » pour les téléspectateurs, lecteurs ou auditeurs et leur font recours pour battre le record d’audience . « Longtemps on a pensé qu’être important socialement, c’est réussir sur le plan scolaire et académique avec des boulots prestigieux comme on en voit sous nos cieux. Mais de nos jours, des activités comme footballeurs ,artistes, catcheurs, bloggeurs…sont venues nous rappeler que nous ne sommes pas plus importants que ces derniers qui n’étaient vraiment pas bien vus par notre société. Aujourd’hui ces gens jouissent d’une sympathique plus que l’homme ordinaire. Certains mêmes sont plus suivis sur les réseaux sociaux que le meilleur JT qui soit », soutient un Directeur de média.
Seulement, il est de la responsabilité des médias de masse de construire des héros vrais, non pas forcément à cause de la sympathie qu’ils suscitent auprès des masses populaires, mais des talents dans la technologie, dans l’invention, dans la science, bref des gens qui sont à l’ombre et font bouger positivement l’humanité. S’il faille attendre que Yacouba Sawadogo(prix Nobel alternatif 2019) soit plébiscité ailleurs pour que nos médias locaux reprennent en boucle cette actualité, cela est ahurissant. Les hommes et femmes de media, doivent savoir prendre de la distance avec l’actualité et pousser la réflexion en vue de construire une opinion forte, d’une part et d’autre part, proposer une alternative en terme de contenu aux populations africaines qui ploient sous la domination d’un mode de vie exogène entretenu par des nouvelles plates-formes de diffusion de l’information.
Cordialement Youssef Ouedraogo