Les goûts et les couleurs sont dans la nature, dit-on. La 12ème édition des Rencontres de Bamako, appelées également Biennale africaine de la Photographie, dont l’ouverture a eu lieu, vendredi 30 novembre, au Musée national du Mali, en est l’exemple même. Elle a embarqué le public dans des courants de conscience des artistes qui étaient, pour beaucoup, inaccessibles aux simples mortels, dont nous faisons partie…
«Courant de conscience» est le thème choisi pour la 12e édition des Rencontres de Bamako qui se déroule au Mali jusqu’au 31 janvier 2020. Pour cette nouvelle session, l’exposition internationale, a été répartie sur différents sites. Il est vrai que cela est intéressant de dispatcher ainsi les œuvres pour donner plus de vie à la ville. Cependant, ce dispatching se fait, quelque peu, au détriment des œuvres, des artistes et des… journalistes.
Des œuvres, parce qu’il semble qu’il n’y a pas de logique ou qu’il y ait une logique complexe -qui n’a pas lieu d’être pour les personnes lambda comme nous- dans leur présentation en expositions groupées. Des artistes, car ils ne peuvent pas, véritablement, comparer leur travail avec celui des autres. Des journalistes (sauf maliens) car c’est une véritable galère quand il n’y a personne pour les guider ou un bus à leur disposition pour se déplacer d’un endroit à l’autre ; perdant trop de temps à obtenir le matériel nécessaire (notamment le badge) pour pouvoir travailler et à chercher les lieux des expositions dans une ville où cela devient dangereux de circuler à pied à cause du nombre croissant des deux roues et de leur manière de conduire, et, par là même, trop d’énergie. Energie qui leur est plus utile pour se concentrer sur les œuvres exposées et comprendre les courants, tortueux, de la conscience de certains artistes.
Car, certains artistes ont une conscience inconsciente. Ils sont dans leur monde et semblent refuser qu’on s’y intègre de nous-mêmes voulant, pour certains et à tout prix expliquer leur démarche. Les œuvres doivent parler d’elles-mêmes sans que l’exposant détaille le pourquoi du comment.
La conscience est définie de deux manières. La première est la perception chez l’homme de sa propre existence et du monde qui l’entoure. La seconde est un jugement de valeur de ses propres actes. Ces deux définitions sont présentes à travers les œuvres exposées, se mêlant dans nombre d’entre elles ; certains artistes n’ayant pas su ou simplement voulu mettre une frontière entre les deux. Du coup, leur approche artistique est quasi incompréhensible pour les visiteurs qui n’ont pas lu les petites notes accrochées aux cimaises présentant la démarche des artistes exposants sur leurs œuvres exposées.
Difficile donc de rentrer dans le labyrinthe des consciences des photographes et autres vidéastes, et de comprendre leur démarche, sans note explicative et encore…
Des œuvres inégales
A vouloir bien faire, il arrive parfois que l’on se trompe. Nous ne sommes pas commissaire d’exposition, et donc nous n’avons pas les critères de choix et de sélection. Cependant, nous avons remarqué que les œuvres étaient inégales, et même certaines étaient très voire trop faibles par rapport à d’autres.
Par exemple et sans faire dans le patriotisme mal placé, Nicène Kossentini et Mouna Karray s’en sont très bien tirées par rapport à d’autres au Musée national du Mali ; même si la première a eu un sacré problème avec ses œuvres qui n’ont pas pu arrivées à destination et qui s’est contentée d’exposer «un brouillon» involontaire de son travail…
Si l’on compare les expositions sur les différents sites, celle au Musée national du Mali était, franchement et pour la majeure partie de mauvaise qualité artistique. A croire que certains artistes ont été invités à exposer par copinage… Mais, comme nous l’avons signalé, nous ne sommes pas commissaire d’exposition et nous n’avons pas les mêmes œil et regard qu’un commissaire d’exposition.
Par contre, celles au palais de la Culture Amadou Hampaté Ba et au mémorial Modibo Keita étaient de meilleure facture. Elles étaient à nos yeux plus parlantes. Ce qui est a ramené, somme toute, un certain équilibre dans l’ensemble des expositions. Finalement, tout est question de feeling.
Tout cela pour dire que dans son ensemble cette 12e édition des Rencontres de Bamako s’en tire assez bien au niveau des expositions, car au niveau organisationnel, c’est une toute autre histoire…
Zouhour HARBAOUI