La joie du descendant de Soundjata Kéita, Salif Kéita, était grande à l’idée de retourner en Guinée. « La Guinée et le Mali sont deux poumons sur un seul corps », avait-il rappelé cette phrase du Mandjou Sékou Touré pour annoncer son voyage. Trois dates de concerts l’y attendent : le 31 décembre au Noom Hôtel pour un concert privé, le 3 janvier, un concert grand public à Kamsar et le 4 janvier un concert spécial à l’Olympia de Kaloum avec la sulfureuse chanteuse ivoirienne Josey.
Pourtant, la joie du chanteur va vite s’effriter dès son arrivée à l’aéroport. Le salon d’honneur lui est vulgairement refusé. S’il décide de ne pas faire un scandale, Salif Kéita semble comprendre la raison du refus. « L’aéroport guinéen n’est pas à la Guinée. Il y a un contrat de 99 ans avec la France. Si je l’avais su auparavant, je n’y serai pas allé », a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse.
Pour lui, c’est son engagement pour la terre de ses ancêtres à travers la dénonciation de l’exploitation des richesses du continent par l’occident en général et la France en particulier, qui lui a valu ce traitement. Au cours de cette conférence, le chanteur avait annoncé ne plus revenir en Guinée ou si cela arrivait, il le ferait pas la nouvelle route en construction pour relier Bamako et Conakry.
C’est désespéré mais très professionnel que le chanteur se rend à son premier concert. Surprise agréable, il sera soutenu par le président de la République de Guinée Alpha Condé qui effectuera le déplacement le 31 décembre et s’excusera auprès de l’artiste. « Je tiens à remercier le Président Condé qui, après l’incident de l’aéroport, a tenu à se déplacer jusqu’à mon concert pour me réconforter, confirmer l’unité entre la Guinée et la Mali, et me présenter son regret pour mon traitement au salon d’honneur », a témoigné Salif.
Et à la méga star de la musique malienne de clarifier : « Je tiens à dire que je n’ai rien contre la France. Je ne suis pas anti-français. J’aime les Français comme j’aime toute l’humanité. Mais, je n’aime pas la stratégie politique et économique française qui oppresse systématiquement et sournoisement notre continent. La libération de ma patrie vient avant tout. Le Mali et l’Afrique viennent avant tout. Que notre continent et nos peuples soient bénis et libérés des chaînes esclavagistes en gagnant réellement leur indépendance politique et économique ».
Sanou A.
Un commentaire
Bien rédigé et bel article. Bravo à notre Farafina pour sa passion pour la culture africaine.