En route vers l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alecso) ou vers un poste d’enseignement en France, Mohamed Zinelabidine a mis une belle pagaille avec les différents changements et éjections qu’il a opérés. Certains étaient mérités, d’autres non. D’autres non, comme l’évincement de Chiraz Latiri. Eviction qui risque de provoquer la disparition du programme Sentoo…
On dit, souvent, que tout changement est bon. Or, beaucoup de ceux opérés, depuis un certain temps, par Mohamed Zinelabidine, ministre des Affaires culturelles sur le départ (on dit qu’il aurait obtenu un poste à l’Alecso ou encore d’enseignement en France), ont semé la zizanie au sein de son ministère et des institutions dépendants. Une des plus grandes absurdités est d’avoir éjecté, avant la fin de sa mission, Chiraz Latiri, directrice générale du Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI). Une grande absurdité parce que cette dernière avait tout mis en œuvre pour mettre le cinéma tunisien au sommet et créer des relations internationales et surtout africaines durables.
La plus grande preuve de cela est le programme Sentoo. Rappelons que ce programme de coopération Sud-Sud, qui réunit la Tunisie (initiatrice du projet grâce au CNCI), le Maroc (CCM), le Sénégal (FOPICA), le Burkina Faso (Direction Générale du Cinéma et de l’Audiovisuel au Ministère de la Culture), le Niger (CNCN), le Mali (CNCM), vise à «offrir un accompagnement artistique à des cinéastes africains porteurs d’un projet à fort potentiel, à l’étape de l’écriture, de l’idée au premier traitement», «poursuivre l’accompagnement des auteurs et des producteurs sélectionnés aux phases suivantes de développement», et «favoriser les coopérations sud-sud, en particulier les coproductions entre pays d’Afrique subsaharienne et du Maghreb, en nombre et en qualité».
La première édition s’est tenue en deux résidences, Dakar (Sénégal, du 24 au 30 juin) et Hammamet (du 07 au 20 octobre), et un atelier de production et de coproduction destiné à mettre en contact les six porteurs de projets sélectionnés avec des producteurs africains, qui s’est tenu à Marrakech (Maroc, du 1er au 7 décembre). Ces six porteurs de projets venant des pays adhérant à Sentoo.
Dès la résidence de Hammamet, les organisateurs ont commencé à tracer les plans pour une seconde édition, au vu du succès de la première et des demandes de participation, et étaient en discussion pour l’intégration de quatre autres pays, à savoir la Côte d’Ivoire, le Togo, le Rwanda, et le Bénin, au programme. Or, voilà que Mohamed Zinelabidine décide (sur un caprice, un calcul, ou une influence ?) de dégager Chiraz Latiri, une des têtes pensantes de Sentoo. Du coup, plusieurs initiatives sont en suspend, dont Sentoo.
Le 17 janvier dernier, Sonia Chamkhi a été nommée directrice générale du CNCI. C’est bien, puisque, premièrement c’est une femme, puis elle est cinéaste et universitaire. Mais voudra-t-elle reprendre la relève de Chiraz Latiri sur l’initiative Sentoo ? Là est toute la question.
Pourtant ce programme a apporté un grand plus dans les relations sud-sud, sans une intervention du Nord, soit de l’Occident. Une première, au niveau du septième art, sur notre continent !
Maintenant, la balle est dans le camp de Sonia Chamkhi. Si nous connaissons bien la nouvelle directrice générale du CNCI, elle aura la volonté de sauver le programme Sentoo !
Zouhour HARBAOUI