En Afrique, plusieurs artistes s’expriment à travers des domaines artistiques pour faire passer un message. Afin d’accomplir cette mission noble, Émile Auguste Gbédé N’guessan dit G.Nea, artiste plasticien ivoirien, a préféré s’exprimer à travers la sculpture et les arts visuels. Depuis son enfance jusqu’à ce jour, l’artiste s’est engagé à travers son art pour dénoncer les violences de tous genres, conscientiser la jeunesse africaine et aborder l’actualité de son pays ou du continent. De 2003 à 2019, il a, à son actif, 44 expositions nationales et internationales et 15 collections privées.
De son vrai nom Émile Auguste Gbédé N’guessan, dit G.Nea, est né à Bingerville en Côte d’Ivoire. Tout a commencé pour lui dès la classe de Ce1 (Cours élémentaire première année). Grâce à son écriture, il remplissait le cahier de textes de son maître, dessinait les schémas au tableau de même que les frises. Dans cette même classe, G.Nea fréquentait l’univers des artistes sculpteurs et apprenait à sculpter. Ainsi, il participait à la réalisation de quelques monuments du pays.
En classe de 6ème, son chemin s’est croisé avec celui de son professeur de dessin qui est, lui aussi, un artiste peintre. Les encouragements de son professeur le rassurent et le confortent dans son choix et dans sa carrière. Quelques années plus tard, il est admis au concours d’entrée du Centre Technique des Arts Appliqués (CTAA) de Bingerville. Dans ce centre, l’artiste a eu l’occasion de perfectionner son art et d’apprendre les techniques de base. Sa formation a été sanctionnée d’un Brevet de Technicien Artistique.
Depuis 2006, G.Nea est devenu un artiste libre et travaille selon ses propres inspirations. Pour réaliser ses œuvres, il s’inspire des conflits dans le monde, en général, et ceux de la Côte d’Ivoire, en particulier. De même, ses œuvres sont réalisées sur plusieurs supports différents qu’il a eu l’occasion d’étudier lors de sa formation.
Démarche artistique novatrice
A partir de la technique de la tapisserie et à l’aide des cadres, l’artiste a créé son propre support de travail. Ainsi, ses tableaux répondent aux normes contemporaines. L’artiste utilise beaucoup la couleur rouge pour parler du danger et le bleu qui fait appel à la sensualité, la tendresse. Depuis le début, le travail de G.Nea s’intéresse aux thèmes tels que les guerres, l’éducation, et d’autres réalités quotidiennes. Ce qui fait la particularité de son travail, c’est son attachement à l’art ancien. Cette approche lui permet d’aller au-delà de l’expression des formes plastiques et de l’esthétisme. L’ensemble de ces éléments constitue, pour lui, une approche métaphysique. Ceci est une réappropriation du passé, une pratique qui existe par le passé. Il s’agit de l’art ancien égyptien, en particulier, celui de l’Afrique. Selon le peintre, c’est une manière de pouvoir mieux comprendre le présent afin de se projeter dans le futur. Pour y arriver, l’artiste s’étale sur un plan purement esthétique de “la peinture sculptée lisse”.
« Mon travail se plonge au-delà d’une simple approche mystique en ouvrant une réflexion, une brèche sur les rapports du monde (guerre, famine, violence etc.), la création esthétique et aussi les fondements culturels », précise G.Nea. Il décrit son travail comme un point d’interrogation « ? ». L’artiste cherche, à travers ses réalisations, à trouver une solution à la question que pose l’œuvre de Gauguin « Qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous ». Aujourd’hui, il est l’un des promoteurs de Praia Pinceau de Rue des Arts Internationaux d’Abidjan.
Art engagé
Ayant compris que l’art contemporain s’inscrit dans le développement durable, l’artiste s’est adapté à la réalité du moment. Mais il ne s’est pas détaché des réalités anciennes. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il reste dans l’actualité comme tout autre artiste qui se veut une évolution. Ainsi, G.Nea s’est donné à l’art de la récupération afin d’assainir l’environnement. Il redonne vie, à travers cette technique, aux objets périssables pour en faire des œuvres de l’esprit.
Grâce à son engagement il comptabilise, à son actif, 44 expositions et ce, en Afrique et dans le monde de 2010 à 2019. De la Côte d’Ivoire en passant par le Bénin, le Congo Brazzaville, le Burkina-Faso, la France et dans des Instituts, G.Nea s’est fait remarquer par la qualité de son travail et son engagement. De plus, il a 15 collections privées. Il est important d’avoir ses œuvres et en juger la qualité sur un mur.
Par Julien Tohoundjo