Jean-Baptiste Mbavumoja, danseur chorégraphe congolais, utilise son art comme un moyen d’expression et de sensibilisation. Très tôt, il s’est engagé dans la promotion des jeunes à travers la culture. Un projet qui lui a permis de créer la pièce ‘’La rage de vivre’’, avec l’appui de la galerie Désir d’Art, en France et du Festival Africa Culture (Fac).
Issu du Nord-Kivu, province située à l’est de la République démocratique du Congo, Jean-Baptiste Mbavumoja est un artiste chorégraphe. Ayant compris très tôt l’utilité de son art, le jeune danseur s’occupe de jour en jour des problèmes qui minent la société. A travers un projet novateur, l’artiste crée la pièce ‘’La rage de vivre’’ (20 minutes) qu’il joue tout seul.
Dans cette création, le silence des victimes rejoint la bestialité et l’impunité toujours permanente de leurs agresseurs. Le mouvement de son corps, sur des paroles dénonciateurs, pose le regard sur les cas des viols, d’esclavages sexuels, de prostitutions forcées. Le drame des multiples violences sexuelles en RDC et partout dans le monde y est évoqué. Selon lui, ces problèmes ne sont jamais élucidés par les tribunaux et cours de justice.
Une bien triste histoire
Ses lamentations corporelles sur une triste narration ne sont pas que de l’embarras. La cruauté humaine, elle-même, embarrasse. « Ce jour-là, à l’hôpital général de Panzi, nous prions en silence avec le docteur Mukwege face à l’horreur… l’ambulance venait de pénétrer l’hôpital. A l’intérieur se trouve une petite fille de dix-huit mois. Cette dernière saignait abondamment… La vessie du nourrisson, son appareil génital était gravement endommagé par une pénétration d’un adulte… »
Depuis les bas-fonds de ces pays ravagés par des conflits, l’utilisation du viol comme arme de guerre conjure toute âme sensible au questionnement. Mêlée aux idées acharnées d’un mystique poète, une chorégraphie tragique décrit le silence de nos filles, sœurs, femmes, mères, aïeuls victimes de multiples actes barbares.
Ainsi, cette scène verse des larmes en pluies de vérités sur des crimes contre l’humanité, violences sexuelles de gravités affables et inhumaines. L’insolite, la consternation, la mort, etc.
Dans ces cas de violences, le grand obstacle est de dénoncer son agresseur. Souvent, les victimes pensent que, même si elles confrontaient leurs bourreaux à la justice, elles ne seront pas entendues. L’humanité est appelée à une marche pour la fin des violences et atrocités à l’encontre des femmes. Ceci implique l’homme au masculin, les jeunes hommes pour qu’ils puissent essayer d’avoir une nouvelle conception des femmes, de repenser la manière avec laquelle ils perçoivent les femmes, en général.
Cette pièce sera présentée au public lors du Festival Africa Culture, du 5 au 30 septembre 2020, à Bordeaux.
Par Julien Tohoundjo