Le Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan 2020 (MASA/Côte d’Ivoire) a programmé la pièce de théâtre ivoirienne «Il va pleuvoir sur Conakry», mise en scène par Souleymane Sow et Annabel Thomas. Une pièce tirée du film éponyme. Un délice pour le public, malgré une salle inadéquate, qui, lors de la seconde représentation, a été «noyée» sous… le nombre de spectateurs.
Une brochette de comédiens : Eba Delphine Assofi, Gohere Michel Bohiri, Béatrice Bosson, El Hadj Vadieneka Cissé, Tiekouma Dosso, Tella Kpomahou, Gilles Logo Woroka, Missa Médri et Anne Marie Cécilia Pango. Un metteur en scène qui n’a plus à se faire un nom : Souleymane Sow, travaillant avec Annabel Thomas, productrice de cinéma. Des hommes de l’ombre à la hauteur (et on les oublie souvent) : à la scénographie Magali Bartheye et Abdel Camara, qui a, également, fait les lumières, aux costumes Berthe Eulalie Suicohe, et au maquillage Toussaint Kouame Ehoussou. Une production qui promet à travers TSK Studios. Voilà le générique de la pièce ivoirienne «Il va pleuvoir sur Conakry».
Une pièce ivoirienne, certes, mais une histoire d’origine guinéenne, puisque elle est tirée du film éponyme du cinéaste feu Cheikh Fantamady Camara ; d’où la présence, à la mise en scène, d’Annabel Thomas, qui a été productrice du long métrage, et qui a eu à cœur, afin de rendre hommage au réalisateur guinéen, qu’«Il va pleuvoir sur Conakry» devienne du live ; en clair et sans décodeur soit joué sur scène devant un public.
Suite à sa première représentation, la pièce a eu un tel succès qu’on a dû refuser du monde lors de la seconde, tellement la salle était «noyée» sous le nombre de spectateurs. Et là, se pose le problème de la programmation et de l’attribution des salles à chaque spectacle. Les deux représentations ont eu lieu à la salle Niangoran Porquet du palais de la Culture ; une salle, d’après ce qu’on nous a dit, de trois cents places -et là nous avons un gros doute. Cette salle se présente comme un amphithéâtre ; ce qui, en toute sincérité, n’est pas adéquate pour une pièce de théâtre.
La plupart des pièces se jouent de manière frontale. Ce n’est pas comme un spectacle de conte, un one-man-show, ou un spectacle d’humour, dans lesquels les artistes peuvent s’adapter naturellement et rapidement avec la disposition des places. Dans une pièce de théâtre, il faut tenir compte de la mise en scène, de la scénographie, du décor, des lumières, etc.
La personne chargée de la programmation n’a ni tenu compte de la fiche technique de la salle, ni celle de la pièce. Pourtant, en ayant les deux, elle pouvait très bien programmer cette pièce dans un autre lieu. Ce n’est pas difficile de comparer les deux !
D’autre part, et à ce que nous croyons savoir, la salle Niangoran Porquet n’a ni loges, ni coulisses. Les comédiens, quand ils ne jouaient pas, devaient se mettre derrière des «paravents» en toile improvisés au fond de la scène.
Malgré ces aléas, les comédiens ont su faire contre mauvaise fortune bon cœur en jouant comme s’ils étaient sur une scène traditionnelle et faire revivre les personnages et l’histoire d’«Il va pleuvoir sur Conakry». Ceux de Bangali, jeune dessinateur caricaturiste dans un journal, de sa famille, de sa petite-amie Kesso et de ses parents. De cette lutte éternelle entre la tradition et la modernité, que l’on voit aussi bien dans les décors que dans les costumes. De cette confrontation entre générations. De ces manipulations religieuses et politiques, etc. Un cocktail explosif. Un cocktail qui amène à réfléchir, mais qui a, aussi, fait beaucoup rire.
Zouhour HARBAOUI