Par Youssef Ouédraogo
La pratique de la musique live n’est pas récente au Burkina Faso. Depuis les indépendances jusqu’à à nos jours, des orchestres continuent d’égayer les mélomanes. Des concerts live sont régulièrement organisés, soit par le privé, soit à l’occasion des grands événements organisés par l’Etat( Fespaco, Snc, Siao, Sicot, etc.). Au cours des deux premières décennies après les indépendances(1960-1970), de nombreux orchestres ont été créés dans tout le pays (Haute-Volta )et animaient la vie culturelle. Ouagadougou et Bobo concentraient l’essentiel des formations orchestrales. On peut citer entre autres, Harmonie Voltaïque; Échos Volta, 1963 ; Tenko jazz, 1963 ; Volta jazz, 1964 ; famille Bassavé,1964 ; Sun boys,1964 ; Super Volta,1965 ; Fingers,1967 ; Djinarou, 1968). Dynamic jazz, 1961 ; Volta jazz,1969 ; Échos del Africa,1967 ; Black boys,1964) Comoé jazz,1964 , etc.
Sous la Révolution(1983-1987), les garnisons ont été dotés de matériels techniques pour accompagner la marche radieuse de ce nouveau pouvoir. Quelques artistes musiciens qui écument la scène aujourd’hui sont issus de ces formations musicales.
Ces dernières années, la musique live est sous la menace de la musique enregistrée faute de la relève. Le printemps des orchestres a connu son déclin. Les rares orchestres sont logés dans les espaces culturels, de divertissement et les églises. C’est pourquoi, il faut mettre l’accent sur la formation des jeunes musiciens ou instrumentistes en créant de nombreux cadres d’apprentissage.
Dans les écoles, collèges, lycées et universités, des orchestres doivent être fondés( l’orchestre de l’université de Ouagadougou ) pour construire une nouvelle génération de musiciens et d’ instrumentistes. L’exemple de la « Dernière Trompette » et vacances artistique du Reemdogo sont édifiants. Ils initient les plus jeunes aux instruments de musique. Les différents concours de jeunes talents comme Faso Académie sont de véritables tremplins pour les talents latents. L’Etat gagnerait, dans sa politique culturelle, à faire de formation des jeunes musiciens une priorité en ce sens qu’elle permettra de dynamiser le secteur de la création artistique.
Il y a la nécessité de créer davantage d’espaces de diffusion de la musique live. Foyers de formation des artistes, l’Etat doit encourager le privé à investir dans ce secteur en accompagnant les promoteurs de ces endroits par des subventions comme dans certains développés(Royaume Uni). Ces espaces pour leur survie ont besoin d’un renouvellement du matériel devenu dans la part de ces espaces désuet. Aussi, la professionnalisation du secteur reste une condition sine qua non pour la musique live au Burkina. Il faut mettre en place des salles adaptées, normaliser les salles existantes.
En déclin dans plusieurs pays parce que concurrencée par l’essor de la musique enregistrée (sur disque, à la radio ou sur les bandes originales de film), il est souhaitable que de nouvelles plates-formes soient créées pour permettre aux mélomanes de vivre les concerts sans se déplacer. Les médias audiovisuels doivent promouvoir la musique live en créant des espaces de diffusion de live pour les téléspectateurs ou auditeurs. Les artistes doivent pouvoir faire des spectacles en live via des plateformes numériques quitte à revoir certains aspects liés au sponsoring, aux conditions de rémunération des parties prenantes.
NB : Extrait de ma communication sur « Valorisation de la musique live au Burkina, facteur de développement et de lutte contre le chômage », dans le cadre de 4e édition du festival de musique live de Goughin (FEMULIG). Merci à Issoufou Sare (DG BF1) pour la recommandation et aux organisateurs Maximilien Some Kpanyane.