Alors que le secteur culturel, comme beaucoup d’autres secteurs économiques, est durement touché par la fermeture des lieux de spectacles, de concerts, et d’exposition; un vent de panique et de désespoir souffle sur la culture depuis le début de la crise due au coronavirus.
La violence avec laquelle cette crise frappe le monde des arts et de la culture est sans égal.
Pour la plupart, la peur de mettre la clé sous le paillasson domine, même si quelques rares font contre mauvaise fortune, bon cœur.
Outre le timing extrêmement mauvais (Le début de la saison des festivals), la soudaineté de la fermeture des salles de spectacles et autres lieux de vie, ajoute à la violence avec laquelle le secteur est frappé.
Les yeux jusque-là tournés vers les pouvoirs publics dans l’espoir d’un coup de main salvateur, commencent à être embués de larmes et de désespoir tant jusqu’à présent aucun signe positif ne semble poindre.
Les marchés, supermarchés, gares routières, transports en communs eux sont autorisés à exercer, et cela en dépit d’un respect plus qu’approximatif des mesures barrières. Mais les salles de spectacles, plus faciles à discipliner, elles ne sont toujours pas autorisées à ouvrir
Et pourtant dès le début de cette pandémie, c’est encore une fois le monde artistique qui à la suite du corps médical, s’est mis en branle pour prendre à bras le corps l’initiative de la sensibilisation aux gestes de prévention contre ce mal qui bouleverse notre monde.
Loin de nous l’idée de minimiser les efforts du gouvernement depuis la survenue de cette pandémie, mais il apparaît manifestement qu’à défaut d’avoir raison du virus, les mesures de fermeture de nos espaces de travail finiront par tuer au sens propre comme au figuré, la culture dans notre pays et avec elle ses acteurs. Et effet, derrière le clinquant du showbiz, se cache le drame que vit tout un secteur depuis quatre mois.
S’il n’y a que les têtes d’affiche qui sont connues du grand public, derrière chaque artiste il y a au moins une dizaine de personnes allant des musiciens, danseurs, techniciens de la scène, au staff managérial. Et derrière chacune de ces personnes, une famille.
Si je m’autorise à écrire ces mots aujourd’hui, c’est que l’heure est grave et de nombreux artistes se meurent. L’arbre de quelques têtes d’affiche aux mines rayonnantes, ne saurait cacher la forêt des milliers d’acteurs du monde de la culture qui est à l’agonie.
Se retrouver avec des mois d’arriérés de loyer de locaux de travail et d’habitation, des factures impayées après 4 mois (pour le moment) d’arrêt d’activité, et les rares ressources qui ont vite fait de fondre comme neige au soleil, sans aucune visibilité sur le futur le plus proche, est une situation de stress extrême.
Tout le monde pense-t-il dans notre Cote d’Ivoire que l’art n’a ni sa place, ni son importance dans le développement de notre pays, comme on l’entend malheureusement de certaines personnes dans nos démarches malheureusement vaines pour le moment ?
N’est-ce-pas par la musique, la danse, le cinéma, par tout ce qui touche à la liberté de l’homme que nous pouvons passer pour éduquer notre peuple que ce soit du point de vue de l’hygiène, l’alphabétisation, que ce soit pour organiser le travail, ou pour donner du courage ?
N’est-ce-pas par la musique que l’on envoie les troupes au front ? A-t-on déjà vu une armée sans musique, depuis le temps des romains et même avant?
Tout prétendu développement qui ne prend pas en compte l’art et la culture n’est qu’affabulation. Tenons-nous-le pour dit.
En ces temps sombres, nous interpellons tous ceux qui ont un pouvoir décisionnel afin que quelque chose soit fait pour mettre fin à cette interminable agonie. Le monde des arts et de la culture saura se souvenir de ceux qui auront été à ses côtés quand grondait le tonnerre.
Fait à Abidjan le 15 Juillet 2020
KAJEEM
Auteur Compositeur interprète