Il y a des choses que je ne comprends pas dans certains clips : les images véhiculées qui ne correspondent aucunement au texte de la chanson.
Je préfère écouter une chanson que de la voir en images. Malgré mon QI normal, je n’arrive pas à saisir la corrélation entre le son et l’image dans certains clips. On te parle d’une chose et on te montre autre chose.
Je me rappelle, à une certaine époque, durant laquelle le Sida était à la mode (excusez du mot, mais c’est vrai. On prend prétexte à tout pour en faire une mode), et aussi bizarre que cela puisse paraître -quoique-, dans certains clips, on voyait des nanas bien roulées en mini bikini qui se trémoussaient sur la plage. Franchement, frère, si après ça tu n’as pas envie d’aller ramoner un peu vite fait, bien fait sans protection (parce que dans ton élan, tu auras, bien sûr, oublié, la capote), c’est que tu as un problème ou que tu arrives à maîtriser grave la situation.
Une année, quand j’étais à Dakar, il y avait la conférence de presse d’un festival de musique urbaine. Le thème de cette année-là était la lutte contre le Sida. Bref ! Au cours de la conférence de presse, les organisateurs ont passé le clip d’un artiste invité où l’on voyait des gonzesses avec de bons pare-chocs avant et arrière en train de bien montrer leurs atouts. J’ai demandé s’il était normal de montrer ces images alors qu’on luttait contre le Sida. On m’a ri au nez. Je ne vois pas pourquoi.
Franchement, il faut une certaine maturité pour voir des clips. Les jeunes, que voient-ils ? Une belle voiture, de l’argent à flot, des bijoux en or, des nanas «à s’en mettre jusque-là». On ne leur vend plus du rêve, mais des illusions, voire de l’utopie à laquelle ils n’accéderont jamais, à moins d’aller voler une succursale de banque et de ne pas se faire prendre. En plus, ils auront vite fait de claquer l’argent !
Dans certains clips, pour ne pas dire beaucoup, on danse énormément. On danse, on danse, on danse à s’en fendre les jambes. C’est bien, ça fait un peu d’aérobic. Mais toujours des nanas en train de se trémousser. On a l’impression que c’est un casting pour trouver un mari ou un tonton. C’est une sorte de catalogue de vente de corps. Je suis cynique ? Pas du tout ! J’observe c’est tout. Et, encore et toujours, rien à voir avec la chanson. D’accord, ça danse mais ça n’apporte rien au morceau ; autant l’écouter en audio qu’en vidéo, et, en plus, le son est, la plupart du temps, bien meilleur. Puis, en audio, on peut créer sa propre danse en sentant la musique. En vidéo, on se sent obliger de suivre bêtement les pas imposés.
Pour moi, un clip doit être un court métrage rapportant l’histoire racontée par la chanson. On peut, aussi, s’amuser à faire dans l’imagé. Je m’explique : il y a un clip intéressant à voir, celui d’Awadi, le rappeur sénégalais. Ce clip sert de support à la chanson «Mame boye». Au début du clip, on voit une théière sur le brasero, puis du thé versé dans un verre qui passe de main en main pour arriver à un homme d’un certain âge. On peut se demander la corrélation entre l’image et la chanson. Elle vient au fur et à mesure, puisque le patriarche demande un deuxième verre et un troisième. Mais, on le lui refuse car on ne donne pas trois verres de thé ; le règlement l’interdisant. En fait, le patriarche symbolise l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade qui briguait, à l’époque, un troisième mandat, alors que la constitution l’interdisait…
C’est vrai qu’il y a un problème de moyen sur notre continent. On fait des clips avec les moyens du bord. Et ces moyens de bord sont très limités. Peut-être que les artistes chanteurs devraient se tourner vers les jeunes réalisateurs ; c’est un service bilatéral : les uns auraient des clips dignes de ce nom et les autres feraient, petit à petit, leur trou dans le milieu de la réalisation. Il faudrait aussi un jeune scénariste pour écrire le clip. C’est de l’utopie ? Non, juste un rêve !