Pas de vulgarité dans ce billet, juste de la vulgarisation… (Zouhour Harbaoui)
Il ne faut pas croire que l’argent injecté dans un festival soit une perte pour l’Etat. Au contraire, car festival rime avec économie…
J’ai entendu et entends toujours dire, d’ailleurs, qu’un festival est un gaspillage, une perte d’argent ; que cet argent pourrait être injecté dans d’autres aspects plus importants pour la population, etc. Si l’on regarde en surface l’on pourrait penser la même chose : inviter des artistes, des journalistes, des gens de la culture, etc., leur payer, dans certains cas, leur transport international et un cachet, leur offrir l’hébergement et la restauration, prendre en charge le transport local, etc., ça fait de l’argent. Et même beaucoup d’argent injecté. Plus d’injection, je préfère parler d’investissement. Car un festival est un investissement qui peut rapporter.
Si je prends l’exemple du MASA, le Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan, la prise en charge des spectacles est totale : transports, hébergement et restauration, et cachet. Une invitation au frais de la princesse que certains peuvent mal comprendre. Or, autant l’Etat fait sortir de l’argent pour ce marché, autant il en récupère.
Je m’explique : les participants casquent aussi de l’argent en consommant. Par exemple rester dans l’espace maquis avec des amis, des connaissances, etc., autour de boissons, ce n’est pas de la consommation payante ça ? Les tickets restaurant donnent droit à un plat et une boisson. Si les participants veulent continuer à boire, ils payent en monnaie sonnante et trébuchante. Et je peux vous dire que l’espace maquis du Palais de la Culture de Treichville marchait bien côté boissons, surtout bière. Cet argent va revenir à l’Etat d’une manière ou d’une autre, puisque les tenanciers et les tenancières des maquis achèteront ce dont ils auront besoin pour leur vie courant, payeront certains services de l’Etat, comme l’eau et l’électricité, etc.
Puis la location des maquis et des stands, ça, ça ne fait pas entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat (même si dans certains pays, les caisses de l’Etat se trouvent dans la poche de quelques-uns ?).
Sortant du cadre du Palais de la Culture. Les invités étrangers auront amené avec eux leur «argent de poche» et pas qu’un peu. Les artistes auront leur cachet. Pour les artistes étrangers, cet argent leur servira à acheter des pagnes, des bijoux, des fruits (oui, oui des fruits, quand ceux-ci n’existent pas dans leurs pays respectifs ; c’est ce qu’on appelle des «fruits exotiques» : mini bananes, avocats, mangues, corossol, ananas, etc.), et tous les autres à-côtés. Pour les artistes locaux, les cachets leur permettent de continuer à «vivre de leur art».
C’est vrai que je vulgarise, mais en gros c’est ça. Je pourrais également donner l’exemple de certains festivals en Tunisie. Par exemple, les Journées théâtrales de Carthage prennent rarement en charge le transport international et ne donnent pas de cachet. Ils prennent en charge l’hébergement et la restauration dans un hôtel 5 étoiles conventionné avec le ministère des Affaires culturelles. Les artistes africains subsahariens présents font leurs courses et pas que des petites, parce qu’en Tunisie c’est beaucoup moins cher que dans d’autres pays africains ; beaucoup moins cher pour eux parce que pour les Tunisiens c’est une autre histoire… L’Etat ne récupère-t-il pas les fonds engagés dans ce festival ?
Donc vous voyez que festival rime avec économie !