Je ne défends rien ni personne, sauf moi, car personne ne le ferait à ma place… (Zouhour Harbaoui)
Je crois que, nous autres Africains, nous sommes encore très complexés. Et ce complexe nous empêche d’avancer !
Par Zouhour HARBAOUI
«Le français n’est pas notre langue !», c’est ce que m’a lancé un artiste sculpteur béninois sur un réseau social. Ouais, le français n’est pas notre langue, mais j’ai envie de lui dire : «Et alors ?». Le français n’est, certes, pas notre langue à nous autres Africains, mais c’est un moyen de communication. Et si ce n’était pas un moyen de communication, il n’aurait jamais pu me dire «Le français n’est pas notre langue !», parce que lui ne parle pas tunisien et moi je ne parle aucune langues nationales béninoises, ni Fon, ni Yoruba, ni Bariba, ni Goun, ni Adja, ni Aïzo, ni Ditammari, ni Yom, ni Nagô, ni Tofin, ni Toli, ni Ede idaasha, ni Waama, ni Naténi, ni Haoussa, ni Biali, ni Lokpa, ni Mbèlimè, ni Foodo, ni Wémègbé, ni Mahi, ni Anii, ni Idatcha, et encore moins Mina.
Pour un artiste, c’est vraiment un manque d’ouverture d’esprit que de dire «Le français n’est pas notre langue !». Ce n’est pas une constatation ni une contestation mais réellement un manque d’ouverture d’esprit ! Je me demande comment il peut faire pour défendre ses œuvres, les vendre à d’autres personnes que béninoises. D’accord, le français n’est pas notre langue, mais heureusement que nous parlons tous français, du moins pour ceux qui ont été colonisés par la France ou la Belgique. Parce que ça serait assez compliqué. Déjà dans un même pays, il y aurait un problème de langues. Au Burkina Faso, à titre d’exemple, il y a plus de quatre-vingt langues africaines, sans compter les dialectes. Alors pour ceux qui ne voient pas la différence entre une langue et un dialecte, une toute petite explication : le dialecte est issu d’une langue. Par exemple, le tunisien n’est pas une langue mais un dialecte, puisqu’il découle de la langue arabe. Bref !
Donc, dans un même pays africain, il y a des langues nationales et des dialectes. S’il n’y avait pas le français, ça serait la galère ! Pourquoi la galère ? Parce qu’il n’y aurait pas de communication entre les gens. Je me souviens qu’au Sénégal, pays où l’on a répertorié 27 langues, dont 21 bénéficient du statut de langue nationale, certains se refusaient à parler wolof, préférant s’exprimer dans la langue de leur ethnie ou en français.
Le français est une langue trait d’union. Et l’union fait la force. On ne demande pas aux peuples africains d’abandonner leurs langues. Au contraire ! D’ailleurs, la Francophonie mise sur le plurilinguisme.
Faudrait que certaines personnes qui se disent «intellectuelles» réfléchissent avant de parler. Associer une langue à une colonisation, c’est être, d’une certaine manière, rétrograde et cela dénote d’un certain complexe. Et tant que nous sommes complexés, nous ne pouvons pas avancer, et nous serons toujours écrasés !