Le projet “Boulv’Art” 2021, organisé par le Collectif des artistes plasticiens du Bénin, a permis à plus de 40 artistes de s’exprimer sur un seul sujet avec des approches techniques différentes. Dans ce lot, Eliane Aïsso, artiste plasticienne et photographe béninoise, développe la technique de photographie et porte un regard sur les personnes du 3ème âge.
Par Julien Tohoundjo
« Lorsqu’on parle de Covid19 au Bénin, je me demande quelles sont les aides ou les consignes qu’on donne aux personnes du troisième âge, de 50 ans et plus », confie Eliane Aïsso, artiste photographe béninoise. En cherchant à savoir comment les personnes de cette tranche d’âge s’en sortent, l’artiste s’est rendue dans un village de la commune de Zè. Son objectif est de découvrir les conditions dans lesquelles se trouvent ces personnes et comment elles luttent contre la propagation du virus. « A Zè, la population a l’information, mais il manque l’application des mesures de protection contre le virus. Dans ce milieu, la vie suit son cours et rien n’est »perturbable ». Les marchands vont et reviennent comme si de rien n’était. Ces derniers ne se protègent pas et c’est possible qu’ils reviennent à la maison avec le virus pour contaminer les autres », souligne Eliane.
La particularité de cette localité est le fait que ces personnes restent convaincues que le virus n’existe pas. Le constat est que « malgré le handicap de ces personnes, elles sont capables de mettre un masque. En guise d’exercice, cette personne a essayé de porter un masque et je l’ai prise en photo. J’ai fait la même chose avec d’autres personnes de cette localité », explique Eliane Aïsso. En travaillant avec ces personnes, l’attention de l’artiste ne se pose pas sur le port exact du masque, mais ce moment où ces personnes mettent le masque. En effet, « l’idée est de garder une trace de ce moment où elles mettent leur masque ». Le but que recherche l’artiste est de montrer qu’il y a des personnes qui méritent d’être protégées contre ce virus qui sévit. C’est ce que l’on peut remarquer à travers les œuvres photographiques qu’Eliane présente dans le cadre de cette exposition.
Pour la réalisation de son œuvre, elle a utilisé une technique de photographie à trois dimensions et Photoshop. Le visiteur peut remarquer trois personnes qui essaient de porter leur masque. En dehors des personnes de cette tranche d’âge, l’artiste a eu le mérite de penser à la jeunesse. Cette couche de la population est aussi concernée par les dégâts que cette pandémie cause. Au-delà du point de vue sanitaire, il y a l’aspect économique qui est aussi touché. Selon Eliane, cette période que nous traversons est dommage et triste. « C’est une période au cours de laquelle tout le monde a été impacté négativement d’une manière ou d’une autre. Cette pandémie a fait que j’ai raté plusieurs projets et même des projets à travers lesquels je pouvais explorer d’autres médiums et les développés ». Elle invite tout le monde à opter pour la protection dans les règles des différentes mesures. Et c’est, en effet, la meilleure façon pour éloigner ce virus de la population béninoise.
Message universel
Pour cette réalisation, il a fallu un travail de trois jours, maximum, sur le terrain. Les travaux de la finition de l’œuvre ont duré deux semaines, environ. Ce projet de résidence a permis à Eliane d’explorer d’autres aspects du sujet et de comprendre d’autres réalités liées à cette période. « Le médium utilisé est unique et j’ai vraiment exploré les contours du sujet afin d’apporter de l’information et de l’enseignement », précise-t-elle. Ces œuvres sont inspirées de nos réalités et chaque personne qui sera en face peut comprendre et tirer sa propre leçon. Ces messages sont universels et accessibles à tous. Par ailleurs, le choix de cette localité est se justifie par le fait que c’est la provenance de l’artiste. Et aussi, rappelle-t-elle, « je travaille surtout sur les personnes âgées. Lors de cette résidence, poursuit Eliane, j’ai beaucoup aimé l’ambiance et la convivialité qui sont restées entre nous pendant ce temps de résidence et de partage. Notre grande prière est de nous en sortir et que la vie reprenne son cours normal ».