Après plusieurs semaines de résidences, Bonaventure Sossou, danseur professionnel béninois, a présenté la première restitution d’une pièce de danse, solo. Cette restitution a eu lieu, vendredi 20 août 2021, au centre chorégraphique “Walô dance center” à Abomey-Calavi.
Par Julien Tohoundjo
“Doyigbé”. C’est le titre de la pièce de danse qu’a présentée Bonaventure Sossou, danseur professionnel béninois. Doyigbé signifie en langue fon “le jour de l’enterrement”. « Pourquoi sent-on l’importance de la présence d’une personne que quand cette dernière nous quitte ? Pourquoi a-t-on plus d’égard pour l’absence que pour la présence des gens qu’on aime ?! Si seulement on pouvait tailler plus d’importance à la présence d’un être cher plutôt que de s’y intéresser seulement après sa disparition, ce serait bien », se demande-t-il.
A travers « Doyigbé », le danseur montre l’importance que l’on accorde aux disparus et à leurs familles. « Ce jour, l’on devient une personne importante aux yeux de la société. Ce jour, tout le monde est là pour soutenir les familles du disparu, alors que, lorsqu’il était encore vivant et en difficulté, il n’a trouvé personne à ses côtés », explique Bonaventure. En effet, il voudrait attirer l’attention sur des qualités que nous pouvons développer au sein de la société. Il s’agit de la solidarité, l’entraide et du partage.
Pendant 35 minutes environ, Bonaventure Sossou a présenté ce spectacle devant un public de professionnels du domaine ainsi que des amoureux de la danse. Le spectacle a été créé à la suite des histoires que l’auteur a vécues ainsi que ceux dont il a été témoin. Il y a l’exemple de son défunt père. « Au moment où mon père était vivant, il a effectué un voyage et il devrait rentrer au pays et les gens ne lui ont pas payé. Le jour où il est décédé, les proches et la famille ont dépensé plus de 3millions avant que le corps ne soit extradé au Bénin. Il y a aussi le cas d’une autre personne qui a un projet, mais faute de soutien, il a relâché. Lorsque la mort de ce dernier a été annoncée, beaucoup ont dépensé pour son inhumation », a clarifié Bonaventure.
Changement positif
Avec un rythme tradi-moderne, le danseur a su passer son message. La scénographie est construite avec des lampions allumés. Ces derniers laissent échapper une flamme jaune ardente avec au bout de la fumée noire. Cette fumée monte au ciel tel de l’encens. Cet aspect laisse voir le caractère spirituel et transcendantal de l’amour, de la souffrance, de la vie et de la mort. D’un autre côté de la scène, il y a l’usage des sièges allumés. Les petites lumières jaunes et blanchâtres de ces sièges traduisent l’espoir d’un changement positif. Il livre ces messages à travers son corps atypique. Son choix est de passer des messages sur un ton chorégraphique abstrait. Sa gestuelle expressive et variée renvoie au public des interprétations parfois claires et mitigées. Cela montre que le danseur est resté dans sa pièce comme cela se doit et ne s’est pas éloigné de sa création.
« “Doyigbé” est une pièce qui aura du succès après d’autres résidences si Bonaventure continue de travailler avec la même fougue et du professionnalisme », a déclaré Rachelle Agbossou, Directrice de la Compagnie Walô. Selon elle, les retours issus de cette représentation pourront aider le danseur à évoluer sur sa création et apporter d’autres aspects importants. Il faut noter que Richmir Totah, Administrateur de Walô et Multicorps, n’est pas resté en marge de cette soirée de restitution.