La sortie internationale du long métrage fiction du réalisateur burkinabè Boubakar Diallo se fait en salle ce 5 novembre 2021, simultanément dans 12 pays francophones africains. Les journalistes ivoiriens ont pu visionner le film ce 3 novembre, à Cocody, en présence du réalisateur, des producteurs et de plusieurs acteurs.
Le long métrage de Boubakar Diallo avait annoncé les couleurs lors de la 27e édition du Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou (Fespaco) du 16 au 23 octobre. Toutes les salles avaient été prises d’assaut lors des différentes projections au point de refouler un beau monde. « On a fait un film pour le public. Les cinéphiles africains ont besoin d’images pour se reconnaître. On fait des films pour ramener le public dans les salles », soutient le réalisateur. ‘’Les trois lascars’’ réussira-t-il cet exploit dans les salles ivoiriennes de cinéma ?
Le réalisateur a voulu d’une production dénudée de toute lourdeur, un film comique, sans bouffonnerie, axée sur la qualité dialogue. Le scénario apparemment simple, est rempli de rebondissements. Trois amis, des voisins de surcroit décident une virée avec leurs maîtresses, leurs « tchizas », comme on les appelle en Afrique. Ils inventent, chacun, une mission à Abidjan. Malheureusement, l’avion censé les transporter crashe.
La comédie de Boubakar Diallo est bien accueillie par les cinéphiles. On se marre du début à la fin. Le réalisateur réussit à faire monter l’adrénaline. On ne s’ennuie aucun moment. Chaque scène, séquence est pensé comme un spectacle d’humour : faire rire, sourire ou délirer chaque trente secondes.
Le réalisme du jeu des acteurs frappe. Le casting qui réunit des comédiens ivoiriens (Mahoula kané, Eve Guéhi, Alissa Zéna, Kady Touré) et burkinabè (Issaka Sawadogo, Dieudonné Yoda, Mouna N’Diaye et Mariam Aïda) est très réussi. « Des films que j’ai eu à tourner, j’ai passé des moments de bonheur », reconnaît Mahoula Kané.
En vrai, « Les trois lascars » est une sorte de miroir de la société africaine, comme dans la plupart des séries télévisées (« Ma famille », « Maîtresse d’un homme marié », « Madame, Monsieur »…). Une société dans laquelle un homme marié peut avoir un, deux, trois… « bureaux » sans que cela ne choque. On se marie pour la forme et on est libre de faire ce qu’on veut. « Au travers de la comédie, il y a des petits messages. Des reflets de notre culture, de nos habitudes, de ce que nous sommes, de qui nous sommes, de nos travers. On rit de nous-mêmes, on se parodie soi-même », insiste Boubakar Diallo.
Si l’histoire emporte de prime abord, la production est aussi belle de par la qualité des images et du son. Rien n’est bâclé. Chaque scène est pensée et mis en relation avec la suivante. Les inserts constituent des nœuds ou des dénouements à venir. La mise en parallèle des scènes de joies des maris avec leurs ‘’tchizas’’ et des épouses en deuil, est très expressive. Le tout soutenu par une musique très rythmée, ou mélancolique, expression de la joie des époux et de la douleur des épouses.
Par contre, la fin laisse plus d’un cinéphile perplexe. La chorégraphie collective finale sur la chanson « Tchiza mbengue » de la chanteuse Shan’l suscite des interrogations ? Pourquoi une telle apothéose qui remet en scène les « tchizas » ? Si Boubakar, à l’image des films hindous a voulu « un happy end » assez spécial, il devra par contre expliquer, à chaque fois, que c’est un choix. Car, le film finit lorsque les maris retrouvent leurs épouses.
En clair, le réalisateur prend parti pour public et ne recherche pas plus. Le fait que la production ne soit récompensée que par un prix spécial (Prix de la CEDEAO) au Fespaco 2021 ne le décourage guère. Car s’il y avait un prix décerné par le public, il l’aurait remporté.
« Les trois lascars » est à voir une, deux ou trois fois. Il permet de passer de bons moments et à chaque fois, et l’on se surprendra, à chaque fois, en train de rire aux éclats. Les plus courageux peuvent y aller avec leurs épouses. Mais attention ! Sachez choisir les scènes sur lesquelles pouffer de rire. Car, cela ne pourrait pas être du goût de madame.
Sanou A.