La prochaine édition du MASA devrait se tenir du 5 au 12 mars 2022. J’attends toujours ce moment avec impatience…

Je me souviens de mon tout premier MASA. C’était en 2003, fin août/début septembre. J’avais entendu parler de ce grand événement culturel de notre continent par des troupes et des groupes de Tunisie qui y participèrent lors des différentes éditions.

Je voulais y participer en tant que journaliste pour faire des découvertes. Découvrir des artistes que je n’aurais pu voir en Tunisie, découvrir la Côte d’Ivoire, ou, du moins, une petite partie d’Abidjan, et découvrir les Ivoiriens dans leur pays. Rencontrer des gens dans leur pays d’origine est très différent de les rencontrer dans un pays qui n’est pas le leur. Ils se comportent différemment et oublient, parfois, leur origine, non pas par intégration mais pour faire style. En Tunisie, on a une expression qui peut se traduire littéralement par «il/elle est sorti(e) de sa peau».

Bref !

Ayant été hébergée, au début, dans un hôtel sis dans la même rue que l’ancien siège du MASA, au Plateau, je voulais me rendre, dès mon premier jour en terre ivoirienne, à l’hôtel dans lequel étaient hébergés les artistes, soit à Cocody. Un artiste/prof de musique/journaliste ivoirien, qu’on appelle «Le chat», a décidé de m’y emmener en taxi. Je lui ai dit qu’on allait marcher pour s’y rendre, même si cela était loin. Marcher, pour moi, est le meilleur moyen de  découvrir  une ville et de s’orienter.  Et on l’a fait !

Deux jours après, on m’a transférée dans cet hôtel de Cocody, pour plus de pratique. Les navettes nous prenaient le matin pour nous emmener au Palais de la Culture de Treichville. C’était assez sympa comme moyen de transport, même pour ceux qui n’ont pas le pied marin ou, plutôt, lagunaire.

On m’avait prise, également, pour être dans l’équipe rédactionnelle du journal du MASA.  Cela me permettait de faire plus d’articles sur cet événement. J’ai regardé, discuté, échangé avec beaucoup de monde, mais, malheureusement, pas avec tout le monde. J’ai couru d’une salle à l’autre. J’ai fait des découvertes culinaires : l’attieké et l’alloco, que je n’ai pas du tout aimés ; désolée pour ceux qui adorent ça. Il y a un mets que j’ai mis 15 ans à goûter : l’agouti. Quand j’ai demandé, à l’époque, à une petite serveuse d’un des maquis dans l’enceinte du Palais de la Culture, ce qu’était l’agouti, elle m’a répondu «du rat des brousses». Le mot «rat» a suffi à me répugner. C’est psychologique. C’est seulement 15 ans après, soit au MASA 2018, que j’ai, enfin, mangé de l’agouti. Et ce n’est pas mauvais comme «rat»…

Et, quand j’avais le temps, je partais à l’aventure ; c’est vrai, une petite aventure parce qu’Abidjan est une mégapole.  

Malheureusement, avec les problèmes politiques qu’a connus la Côte d’Ivoire, le MASA, panafricain et international, n’a repris qu’en 2014 –la session de 2007 était plus sous-régionale. Pour cette reprise, je n’ai pas voulu m’y rendre pour la simple et bonne raison que l’on m’invitait pour les trois derniers jours de la manifestation. J’ai décliné l’invitation car je suis journaliste et non invitée de marque, et quand je couvre un événement je le fais du début à la fin, puis faire dépenser le MASA pour un billet d’avion (même si la RAM offre une partie des billets), et ma prise en charge, je trouvais ça mesquin de ma part. Du coup 2014, pas de MASA pour moi.

J’ai dû attendre encore deux ans pour retrouver cette ambiance magique. Car quoi que l’on dise et malgré, parfois, les problèmes d’organisation dus à ce genre de manifestation culturelle d’envergure, le MASA offre une ambiance magique. On retrouve certaines personnes, on en rencontre d’autres. On voit des spectacles différents dans les divers domaines de l’art visuel. Cette année-là, j’ai, de nouveau, fait partie de l’équipe rédactionnelle du journal du MASA.  Une sorte de contribution de ma part. Mais, je réfléchissais aussi à apporter une contribution artistique et faire découvrir aux artistes tunisiens le MASA et faire découvrir au public du MASA des artistes tunisiens. En 2017, j’ai rencontré un groupe de jeunes musiciens tunisiens dont le produit convenait très bien au Marché. J’ai convaincu le leader de poser, par mon entremise, son spectacle. Il était réticent au départ, et j’ai dû courir après lui pendant trois mois pour avoir tous les éléments à la constitution du dossier de candidature. Il n’a pas regretté de m’avoir fait confiance. Le groupe a été subjugué par l’ambiance. Ils ne s’attendaient pas du tout à cela. Et le leader a voulu revenir pour les éditions 2020 et 2022. Ce sera peut-être pour l’édition 2024 Inch’Allah.

En tant que «manager», j’ai vu le MASA d’un regard neuf. Pour l’édition 2020, j’ai retenté l’expérience avec un autre groupe et un style différent, en reprenant, en parallèle, ma fonction  de journaliste venant couvrir un événement. Ce groupe, aussi, a été subjugué. Il y a même un des membres qui m’a avoué quelque chose un peu honteux. Il m’a dit : «Quand  j’ai vu le programme, je suis allé voir les différents groupes de musique sur youtube. Je me suis dit que  c’était des groupes amateurs. Maintenant, en les voyant jouer ici, je regrette ma pensée. Ils sont vraiment bons !». Comme quoi le MASA n’invite pas n’importe quoi à se produire. 

A travers toutes ces éditions, comme je l’ai dit, j’ai fait de nombreuses découvertes aussi bien artistiques qu’humaines.

J’espère que, pour l’édition de 2022, du 5 au 12 mars, je ferais encore et encore et toujours des découvertes. Ah oui, je ne vous l’ai pas dit : j’ai laissé de côté le management de groupes de musique pour être administratrice d’un spectacle tunisien de marionnettes pour adultes, «Le voyage», tout en travaillant comme journaliste. Je vous l’avais écrit : je veux faire découvrir aux artistes tunisiens le MASA et faire découvrir au public du MASA des artistes tunisiens…

Zouhour HARBAOUI

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