Dans le cadre du programme “Rencontres professionnelles” pour la 12ème édition du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan, Jeanne Bana, enseignante chercheure et actrice culturelle, ainsi qu’Odile Sankara, présidente des Récréâtrales au Burkina Faso et actrice comédienne, ont animé un panel pour parler du rôle de la femme dans le secteur des arts. La salle Christian Lattier du Palais de la Culture d’Abidjan a servi de cadre pour le déroulement de ce panel, mardi 8 mars 2022.
Par Julien Tohoundjo
« Femme et Art ». C’est autour de ce thème que s’est déroulé les rencontres professionnelles du Masa 2022. Il a été animé par Jeanne Bana et Odile Sankara. Elles sont, respectivement actrice comédienne et enseignante chercheure. L’objectif, à travers ce panel, est de mettre en exergue la problématique de la femme en rapport à l’art. Il s’agit d’apprécier la place et l’implication de la femme dans le développement des arts et l’économie artistique en Afrique. En d’autres termes, il s’agit de la contribution de la femme pour le développement de la culture.
« De tout temps et de toutes les civilisations, la femme a fait partie intégrante de la société », introduit Jeanne Bana. Pour elle, la femme apparaît comme membre à part entière dans la fondation familiale. L’homme, à travers ses discours se focalise plus sur l’esthétique formelle de la femme. « Cette esthétique qui la caractérise fera d’elle un atout pour les producteurs de tous ordres à notre époque contemporaine, une représentation où son corps est sollicité comme attraction pour la vente des produits marchands », déclare Jeanne Bana avant de souligner : « Il en sera de même pour les arts plastiques où le corps de la femme est au cœur d’un dispositif de plaisir de la vue en tant que modèle partiellement ou totalement dénudée. Pour des besoins de l’art, du beau, elle posera nue ou fera entrevoir une partie de son corps afin de marquer la sensualité de son être entier. Si l’on accepte ou autorise, depuis l’antiquité, la présence de la femme pour ce qui précède, il n’a pas été le cas dans le cadre des arts du spectacle et particulièrement le théâtre ». Ainsi, la place de la femme, dans le domaine de l’art, pose-t-il toujours un véritable problème.
Exister en tant que femme
A travers sa communication intitulée “Femme et art théâtral : lutte émancipatrice et liberté de création”, Jeanne a souligné le regard que la société porte sur cet être et surtout ses difficultés de s’exprimer. Or, à l’en croire, l’art, en dépit de tout, est un moyen ou un outil que la femme peut utiliser pour s’exprimer. Elle a donc droit d’être aux devants de la scène, mais cela pose problème. L’on remarque, dans ce sens, qu’il y a des hommes qui vont même se mettre dans le rôle de la femme sur les scènes.
De son côté, Odile Sankara est allée au théâtre grâce à ses études et son contact avec les écrits des auteurs. Ceux-là qui ont impacté plus d’un à travers leurs écrits et qu’on qualifie de “Grands auteurs”. « En étudiant l’art, de façon globale, pas que les auteurs, le désir m’est venu d’aller au théâtre. Mais ce n’était pas pour y rester parce que ce n’est jamais considéré comme un métier », a-t-elle expliqué. En effet, les femmes étaient mal vues dans ce milieu. Mais avec le temps, selon elle, les choses ont quand-même bougées. « Il y avait un mauvais regard sur les femmes qui exercent ce métier-là et qui n’était pas honorable, mais j’avais quand-même ce désir d’aller au théâtre », a confié Odile. Malgré cela, elle a trouvé le désir de rester dans ce milieu afin de s’exprimer. « Ce qui m’a déterminé à y rester, quelques années après, c’est simplement “exister en tant que femme”. C’est-à-dire que c’est enfin dans ce métier-là que je pourrai apporter quelque chose, prendre la parole de façon libre et dire des choses », a ajouté la communicatrice.