Nikoko Yao, chorégraphe ivoirien, a présenté au public du Marché des Arts du spectacle d’Abidjan (Masa) sa création chorégraphique intitulée “Blahon”. Le spectacle a eu lieu, mardi 8 mars 2022, dans la salle Niangoran Porquet au Palais de la culture d’Abidjan.
Par Julien Tohoundjo
Blahoun. Tel est l’intitulé du spectacle de danse chorégraphique présenté par la compagnie “Ivoire Cirque décalé”. Une compagnie de jeunes chorégraphes. Blahoun, en langue Nyabwa, signifie “Hommes panthères”. « L’idée que nous voulons vendre à travers ce spectacle, c’est de rester fier de ce que nous avons. Nous nous disons souvent que c’est l’école qui est le seul moyen de réussite. Mais il y a aussi des jeunes qui se battent aussi à travers les transports communs comme le Gbaka, des cireurs de chaussures aussi », a confié Nikoko Yao, chorégraphe.
L’objectif est de montrer aux uns et aux autres la fierté que l’on peut ressentir pour ce que nous avons. En effet, ces personnes dont cette chorégraphie fait allusion sont, d’une manière ou d’une autre, fières de cette réalité qu’elles vivent. Ces personnes montrent au monde entier qu’elles sont fières de leurs origines. Au niveau du public le message est passé puisque les danseurs, à travers la qualité de leur prestation, ont su tenir en haleine le public. « Ce spectacle a essayé de nous relater la vie des apprentis Gbaka. Ils ont relaté aussi le vécu des enfants que l’on appelle souvent “Enfants du ghetto”. Ce sont des enfants qui se débrouillent, qui ont de la valeur, mais qui sont délaissés à leur propre compte et personne ne s’en occupe », a clarifié Hawa Noura Soumahoro, spectatrice.
La fierté de ce que l’on a…
« Le moment qui a marqué mon esprit est l’hommage rendu à Arafat. Pour moi, c’était un moment riche en émotions puisque les ivoiriens étaient vraiment attachés à lui », a déclaré la spectatrice. Les danseurs ont fait preuve de la maîtrise de leur danse. Mêlé par des dialogues et démonstrations acrobatiques, Blahon a été un spectacle riche en émotions pour les uns et les autres. Des moments sensibles entremêlés par des joies de danses et de dialogue avec le public. Les représentations ont été faites de part et d’autres et même parmi le public, toute la salle était sur scène, pour ainsi dire. Et cela grâce aux mouvements des danseurs qui passaient presque partout dans la salle.
Il faut noter que “Ivoire cirque décalé” est dans le secteur du cirque, mais avec une écriture urbaine. Une création qui est « puisée de nos réalités, ici sur le coupé décalé », a fait remarquer Nikoko Yao. En effet, ce sont des jeunes qui sont, à la base, des danseurs qui n’ont pas fait de formation dans le domaine de cirque. « Nous nous basons sur nos réalités pour une écriture contemporaine. Une danse puisée du coupé décalé pour faire sortir quelque chose de différent », a-t-il souligné. Cette compagnie a été créée en 2020 et réunit des jeunes engagés. Et ce spectacle est le fruit d’un travail effectué depuis près de 2 ans. Pour ce spectacle, les danseurs ont fait techniquement 4 résidences.