Pour moi, cette année, le Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA) était bizarre. Je n’ai pas retrouvé l’ambiance d’antan, pour plusieurs raisons. L’une d’entre elle est que les organisateurs ont voulu mettre en avant les artistes ivoiriens plus que les autres.
L’expression française dit «A tout seigneur, tout honneur». Je n’ai jamais senti une expression aussi juste pour la douzième édition du MASA qui s’est tenue du 05 au 12 mars à Abidjan. Il y avait les Ivoiriens et les autres.
On avait l’impression que c’était uniquement un marché pour faire la propagande des artistes ivoiriens ; les autres nationalités étant, juste, là pour rehausser l’image des Ivoiriens. Il est vrai que le pays d’accueil a le droit de donner l’avantage à ses citoyens artistes, mais j’ai l’impression que, cette année, c’est allé au-delà. Le zèle à côté n’était rien du tout.
Attention, je ne crache pas dans la soupe. J’écris seulement qu’il y avait une sorte de cassure, de schisme entre les artistes ivoiriens et les autres.
J’ai été étonnée de voir le nouveau DG du MASA monter sur scène lors du spectacle de la conteuse ivoirienne Flopy, alors que celle-ci était «en transition» pour commencer une autre histoire, et dire que les artistes ivoiriens devaient profiter qu’il y ait des acheteurs et des tourneurs au marché. Je ne sais pas qui lui a conseillé de faire cela, mais c’était d’un mauvais conseil : on n’interrompe pas un spectacle pour faire une annonce de ce genre. Il y a un certain manque de respect envers l’artiste sur scène, envers le public présent, et envers les artistes étrangers.
Une autre preuve de cette propagande « chauvine » : la page Facebook du MASA. Il n’y a qu’à voir les photos qui ont été postées pour comprendre l’ampleur de la chose.
Rien ne sert de mettre en avant les artistes ivoiriens et de laisser les autres dans l’ombre, puisque les acheteurs, les tourneurs et autres sont capables de voir, de leurs propres yeux, si le produit est bon ou non, ivoirien ou pas.
Zouhour HARBAOUI