Ils sont au nombre de six lauréats. Mais seulement cinq voient leurs œuvres exposées depuis ce 14 septembre à la Rotonde des arts contemporains au Plateau, temple de l’illustre Pr Yacouba Konaté, directeur, critique d’art de renommée internationale.
« Après le premier tour, nous avons reçu tous les artistes pour des séances de travail. Nous avons eu des échanges sur leur travail pour leur permettre de se vendre, d’avancer un peu plus loin dans leur démarche. Il y a eu un approfondissement », a salué le Pr de philosophie à l’Université d’Abidjan.
Marcel Essoh, peintre et enseignant a exprimé sa satisfaction. « On a vu le travail techniquement, je suis agréablement surpris du résultat. Le travail continue », s’est-il réjoui.
La mise de jeunes créateurs sous la lumière, à travers cette exposition collective, est passée par une première phase de présélection qui a permis de retenir 13 artistes (peintres, photographes et sculpteurs) sur les 100 candidats de départ, selon Fatim Doumbia. A la 2e phase, c’est le public de la Rotonde des arts contemporains qui a choisi 6 artistes via un vote.
Il s’agit de Julie Claire Bini (peintre), Henintsoa Mamplonona (photographe), Aristide Kouassi (peintre), Yannick Hamien (photographe), Emmanuel Lekryst (peintre), Cédric Sungo (sculpteur) qui n’a pu présenter son travail.
« Ces jeunes ont une démarche ‘’questionnante’’ très importante à travers des problématiques diverses : la main, le corps, l’acceptation de soi, la mémoire (oublier, repenser, re convoquer), les barrières (sociales ou psychologiques) … », a situé Fatim Doumbia.
« Mon travail est basé sur l’expérience humaine. Les rapports que nous avons avec les autres, la portée de nos actes. Je situe cela dans la contemporanéité, leur impact sur notre vie. Les humains que je représente ont des corps démembrés, des défauts, des êtres raccommodés pour montrer l’impact de l’autre. Cela montre aussi qu’on vit dans une société bancale, désordonnée », explique Lekryst.
Son approche de la couleur part du vide, de l’inconnu, le noir (d’où surgit la lumière). Sur ce socle (fond noir) il fait naitre l’espoir, lorsque les couleurs (rouge, jeune, bleu, vert) s’unissent, se chevauchent et se respectent. L’artiste tient compte de tout ce qui l’entoure et sa réalité est présente dans ses créations.
On lit beaucoup sur une œuvre de Lekryst. Dans sa série « Abidjan on dit quoi », il parle. Ainsi, l’actualité people, politique, des réseaux sociaux transparait. « Donc on mange dans la même assiette ; C’est mon chic parrain », « Yôrôbô, 5500, 6500, 7500, 8500, 10500 volts, d’animation ; Beaucoup de personnes veulent ma mort, mais ils n’auront pas ma mort tant que Dieu ne décidera pas de mon sort ; Le plus dangereux du monde mondial… », corroborent le regard de l’artiste sur son temps.
Ces jeunes pousses des arts visuels en veulent. C’est pourquoi que des ainés, des maitres et des professionnels avertis les portent, augure d’un futur prometteur pour les arts visuels en Côte d’Ivoire.
Sanou A.