Les cimaises du Centre Soleil d’Afrique accueillent, jusqu’au 10 janvier, 2023 une expo Off des Rencontres de Bamako. Cette exposition dévoile le savoir-faire et l’art de quatre jeunes photographes, à savoir les Maliens Oumou Diarra et Bakoo Coulibaly, le Congolais de Pointe-Noire (République du Congo) Moussa John Kalapo, et le Sénégalais Massow Ka.
Quatre jeunes, quatre styles, et autant de vision de la vie. Et comme à toute femme tout honneur, commençons dans cette première partie par Oumou Diarra
Oumou Diarra, la seule femme du quatuor de photographes, a sélectionné quatre «portraits» parmi ses œuvres. Attention, ici le mot portrait ne s’applique pas uniquement aux visages, puisque dans son premier cliché, elle met en avant deux mains d’une personne travaillant avec de la ferraille : la droite dorée et la gauche saupoudrée d’un poudre blanche.
On dit, souvent, que les mains sont les reflets de la personnalité. Dans cette photographie de Oumou Diarra, elles sont le portrait d’un homme de la ferraille, peu importe ce qu’il fabrique : chaudrons, ustensiles, ou autres.. Le portrait d’un travailleur manuel ; un portrait fait d’or et de poudre blanche.
Le troisième cliché est le portrait d’une danse nocturne qui semble endiablée dans laquelle les gens dansent avec frénésie et la terre s’élève du sol enveloppant les danseurs. Une sorte de «Bal poussière», pour reprendre le titre du film du réalisateur ivoirien Henri Duparc, mais à la Malienne. Une danse nocturne, elle-même, le portrait de gens qui évacuent leurs émotions, leur stress, et veulent oublier, le temps d’une soirée, une vie qui est, peut-être, morose.
Le quatrième cliché est le portrait de deux amies, habillées de manière traditionnelles portant, chacune leur bébé sur le dos : opposition entre les deux mamans, dont l’une se fait des éclaircissements de peau et l’autre possède un magnifique teint noir, et parallélisme entre les mères et leurs enfants respectifs.
Nous avons mis le deuxième cliché en dernier exprès puisque c’est celui qui nous a le plus interpellée en tant que Tunisienne ne connaissant rien à cette pratique. En effet, ce cliché montre un groupe d’habitants de Djenné venus participer au crépissage annuel de la Grande Mosquée de la ville. Toute la population se doit de venir crépir cet édifice religieux musulman. Le crépissage se fait avec du banco, ou terre crue utilisée avec un peu de transformations pour en faire un matériau de construction. La Mosquée de Djenné est le plus grand édifice du monde entièrement construit en banco.
Le groupe de personnes, pris en photo par l’artiste, sont maculés de terre crue comme si cela pouvait leur apporter bonheur et bénédiction d’avoir participer avec leurs mains et tout le reste du corps au crépissage.
Comme quoi l’on peut apprendre la culture des autres à travers une photo.
Zouhour HARBAOUI