John Moussa Kalapo est le troisième photographe dont nous avons vu les œuvres au Centre Soleil d’Afrique de Bamako. Des photos qui ressemblent beaucoup à des tableaux à l’encre de Chine.
John Moussa Kalapo est l’un des quatre photographes qui exposent au Centre Soleil d’Afrique à Bamako, et ce, jusqu’au 10 janvier 2023. Né dans la capitale malienne, ce comptable de formation décide de s’inscrire, il y a une dizaine d’années, au Centre de Formation en photographie (CFP) de Bamako où il suit une formation en photographie conceptuelle-créative et d’art. Bien lui pris ! Une voie royale s’est ouverte à lui : formation en photographie documentaire, résidence de création dans la prestigieuse école d’art photographique, the Market Photo Workshop (MPW), à Johannesburg, photos reportages pour différentes ONG, entreprises, agences de presse aussi maliennes qu’étrangères.
Ses différentes expériences lui permettent de se distinguer à travers différents prix, comme Prix de la meilleure vente d’images sur Gettyimages (Centre de formation de photographie de Bamako), lauréat du 2e Prix de l’innovation à la 3ème éditions de la Quinzaine de la photographie au Bénin, lauréat du Prix Tierney Family Foundation, deuxième prix du concours photos Wiki-loves Africa aux foires à manuscrits de Bamako, troisième prix du festival de la photographie de l’inter-biennale du Mali, etc.
Il a, également, travaillé comme technicien de numérisation sur le projet des archives de la photographie malienne, pour la conservation, numérisation et l’archivage de l’héritage de célèbres photographes africains tels que Malick Sidibé, Abderrahmane Sakaly, Tijane Sitou, ou encore Adama Kouyaté, et œuvre comme technicien en numérisation au projet préserver les archives des luttes des femmes maliennes.
Bozos, un Peuple Nomade en contraste
Pour l’exposition au Centre Soleil d’Afrique, John Moussa Kalapo a décidé de présenter des photographies sur les Bozos : peuple nomade, comme il l’a indiqué dans sa présentation un peuple descendants de Faro, esprit de l’eau, créateur du monde. Groupe ethnique le plus anciennement implanté le long du fleuve, il vit, essentiellement, de la pêche. Ses petits villages élevés sur les bras secondaires du fleuve ou en bordure de marais ne sont joignable qu’en pirogue.
Les Bozos se déplacent en fonction du niveau des eaux, vivent en petites communautés qui n’ont jamais pu se regrouper en vastes ensembles, et poursuivent le poisson, synonyme de déplacements dans des campements temporaires.
Les œuvres exposées présentent la vie quotidienne des Bozos. Cependant, l’artiste a choisi de réaliser des photos très contrastées en noir et blanc pour mettre, ainsi, en valeur, une certaine réalité. L’effet donne une autre dimension aux clichés. En effet, on a l’impression qu’en fait ce sont des tableaux peints à l’encre de Chine ; encre dont le pigment principal est le noir de fumée, résidu carboné obtenu par la combustion incomplète de diverses matières organiques riches en carbone. Nous pensons que l’impression des photos pour les accrocher aux cimaises du Centre Soleil d’Afrique de Bamako y est aussi pour quelque chose. Il semble que le contraste est moins accentué, par exemple, dans le cliché «original» présentant des gens s’avérant près d’une pirogue, et que dans celui exposé le contraste est beaucoup accentué.
Même si cela est par «accident», ce contrat accentué permet de donner une autre dimension à la photo. L’on peut imaginer qu’en fait ce sont des ombres qui ont été prises et dont les contours sont mis en valeur. Chaque visiteur aura sa propre conception et sa propre interprétation des œuvres de John Moussa Kalapo.
Zouhour HARBAOUI