Depuis le 23 janvier dernier, la maison de la culture de Bobo Dioulasso (Burkina Faso), accueille la 15e édition de la Rencontre international d’art contemporain ‘’Gnanamaya’’. Dans le rang des artistes invités, l’expérience avec les critiques d’art varie d’un artiste à un autre et les résultats ne sont pas toujours prometteurs pour certains, mais enrichissants pour d’autres.
Par Julien Tohoundjo
Artistes contemporains, journalistes culturels et critiques d’art se rencontrent. Ce creuset d’échanges et de partage fait la particularité de la Rencontre Internationale d’art Contemporain ‘’Gnanamaya’’.
A cette occasion, l’expérience est inédite dans le rang des artistes. En effet, chacun d’eux a fait ses expériences avec les hommes du métier dit « Critique d’art ». Ainsi, les idées changent-elles. Les perceptions sur ce métier diffèrent d’un artiste à un autre.
Edwige Sanou, plasticienne burkinabè pense que « La critique est une forme d’analyse de quelque chose et sur le plan artistique, c’est l’analyse de l’œuvre de l’artiste. Il est important qu’il y ait des regards des personnes qui puissent analyser la création artistique dans le contexte africain ».
Ce sont ces regards qui, à en croire Sana Adokou, artiste plasticien togolo-burkinabé, qui permettent à l’artiste de développer son art. « La critique est un regard dont l’artiste a besoin pour se construire quelle que soit la discipline ou le domaine de création. De mon côté, j’ai eu des critiques constructives. Elles m’ont permis de me rééquilibrer au niveau de ma démarche artistique », explique-t-il.
Il est important de savoir ce que chacun fait et il faut revaloriser l’art africain. « C’est en passant par la critique et l’analyse que nous pourrons arriver à un niveau considérable. Surtout, il faut critiquer parce que nos populations ne sont pas trop intéressées par ce que nous, artistes, nous réalisons », précise Edwige Sanou.
Critiquer pour construire

Ferdaws Chamekh plasticienne venue de la Tunisie opte pour une critique constructive afin « d’éviter de mettre l’artiste en conflit avec lui-même ». « Je refuse la façon de certains critiques qui ont un style méchant lorsqu’ils critiquent les artistes. Ce qui rabaisse aussi leur création. Il peut arriver qu’il se demande s’il est artiste ou pas », dénonce-t-elle.
Selon la créatrice, le critique peut mettre le doigt sur certaines choses qui manquent dans le travail de l’artiste. Ce qui va favoriser l’amélioration de sa vision et lui donner d’autres perspectives par rapport à son travail. « Ma rencontre avec un critique peut être une évolution pour enrichir ma démarche artistique », affirme Ferdaws Chamekh.
Cette rencontre enrichissante n’a pas toujours été le cas pour tous les artistes. Attila, plasticien belge, a eu une expérience non négligeable. « J’ai côtoyé quelques critiques professionnels. Lorsqu’ils ont un mot à dire sur mon travail, la plupart arrivait à s’impliquer eux-mêmes en parlant du travail d’un autre artiste. Si sur une page, il n’y a pas d’allusion à ce qu’ils font ailleurs ou autres pour se placer, cela n’existe pas vraiment. C’est un peu le côté « néfaste » de confier une analyse à un critique professionnel. On ne sait jamais avec quelle théorie. Il va pondre un texte sur une œuvre », déplore l’artiste.
Sa vision est qu’avec le temps, la critique envers une œuvre risque de s’appliquer à la personne qui a créé l’œuvre, l’artiste qui est derrière. « Le problème des critiques est qu’il y a, parfois, certain qui veulent descendre l’artiste et non l’œuvre », souligne Attila.
Néanmoins, il garde des textes de quelques critiques. « J’ai surtout plusieurs textes qui ont été écrits par des écrivains (littéraires) qui, de leur métier, sont entrés dans l’ensemble de mon travail d’une autre manière que je considère beaucoup plus sensible et en profondeur car, ils ne se basent pas des théories », fait-il remarquer. La rencontre Gnanamaya peut être aussi une occasion pour les artistes de se faire d’autres idées sur le métier dit « Critique d’art ».