Par Zouhour HARBAOUI
Plus connu en Allemagne qu’en Tunisie, son pays d’origine, Rachid Allagui, du haut de ses 83 ans, continue à taquiner le pinceau pour imprimer sur la toile ses impressions dans un style et une technique bien à lui.
L’on dit qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Les œuvres de l’artiste-peintre d’origine tunisienne Rachid Allagui, lui, pourraient offrir une autre citation : l’âge ne freine pas la créativité.
Rachid Allagui, avec ses 83 ans et ses 65 ans de carrière, continue de taquiner la toile avec ses pinceaux pour y imprimer ses impressions ; impressions de la vie à travers des sujets, tels que les petites gens.
Le terme «petites gens» n’est pas à prendre dans son sens péjoratif, à savoir des individus évoluant dans un environnement socio-professionnel modeste, aux revenus faibles ou moyens. Bien au contraire, Rachid Allagui rend hommage à ces petites gens dans une vision très humaniste et humaine, et peu importe la nationalité de ces petites gens. Il prend, également, pour sujet les femmes, le quotidien, les manifestations de joie. Il rend visible les invisibles dans un style et une technique mélangeant le figuratif, l’impressionniste, etc., comme si certains de ses sujets commençaient à se dévoiler, comme si l’on se retrouvait face à un fondu enchaîné.
Ces œuvres n’ont pas de titres car, ainsi, l’artiste laisse la liberté au public d’interpréter à sa manière ses toiles.
La force de ce Germano-tunisien, puisqu’il est installé en Allemagne depuis des décennies, tient aussi au fait qu’il est… daltonien, c’est-à-dire qu’il ne «voit» pas certaines couleurs comme le rouge. Sachant cela l’on pourrait s’étonner de voir cette teinte sur nombre de ses tableaux. Mais, il faut comprendre que l’artiste-peintre reconnaît ces tons au niveau de chaleur, d’intensité, de luminosité qu’ils dégagent. Un don qu’il a aiguisé à travers toutes ses années d’expérience. Ce « handicap » et un autre problème visuel n’ont pas empêché Rachid Allagui de continuer sa passion. Il est un exemple à prendre !
Rachid Allagui et son œuvre ou plutôt ses œuvres ont été le sujet d’une monographie écrite par la Monégasque Béatrice Dunoyer, présentée, le jeudi 9 novembre, à Tunis, et ce, en présence, notamment, de l’ambassade d’Allemagne. Une occasion de découvrir ou de redécouvrir un peintre méconnu dans son propre pays, mais célèbre ailleurs.
L’auteure de la monographie a préféré opté pour une présentation se basant sur « les thématiques récurrentes qui traversent toute l’œuvre » de l’artiste-peintre.