SANOU A. à Ségou au Mali
Le public ségovien a retrouvé, avec plaisir ce 31 janvier 2024, la scène du Quai des arts, installée sur le fleuve Niger. Pour les retrouvailles, deux générations d’artistes ont été coptées. La soirée d’ouverture a réuni sur la même scène, le groupe Korê Yelen, la star montante de la musique malienne Fatim Diabaté Haute Gamme et l’inoxydable Abdoulaye Diabaté. Une fusion de sonorités traditionnelles, modernes sur fond de message de paix, d’amour, de conseil, de soutien aux Forces armées maliennes (FAMA) et de l’unité du Mali.
Installés nombreux sur les rives du fleuve, les spectateurs ont vu l’adrénaline montée crescendo. Korê Yelen a fait la mise en bouche. Les artistes de la cité des ballazan, avec à leur tête Gaoussou Diallo dit Fardo, ont testé la chaleur de leur public. Et Fardo n’a pas douté un seul instant de la qualité de sa prestation car le public a répondu présent tout le long de son show.
Gonflé à bloc, la foule a accueilli chaleureusement Fatim Diabaté Haute Gamme. Et, ils l’ont suivie dans son voyage émotionnel à travers ses différents titres, repris comme des hymnes populaires. Les paroles sont sues, maitrisées et entonnées avec joie et délectation. Quand Fatim touche à son thème de prédilection, l’amour, la foule est comme transportée dans un autre univers. Les pas de danse sont sensuels, les mouvements gracieux et les gestes de mains traduisent largement le sens des paroles.
Griotte, les mots de Fatim Diabaté transperce les pénombres. Et quand elle demande au public de donner un titre à interpréter, le choix est tout fait : Kaméléba (garçon frivole). Les dandys sont ‘’assommés’’ par de belles envolées vocales qui dénoncent leur mauvais comportement, leurs trahisons. La séparation avec le public n’est pas aisée. A chaque annonce de son départ, les fans réclament un nouveau titre. Une belle interaction d’appel réponse a mis à la communion.
Quand Fatim quitte la scène, le quai des arts bouillonne. Mais d’un Diabaté à un autre, il n’y a qu’un pas. Et le talent, ne se négocie pas. C’est donc le « Dangôrôba Gnaza » (l’icône devenue une référence), comme a indiqué le Maitre de cérémonie (MC), qui reprend le micro. Abdoulaye Diabaté, c’est de lui qu’il s’agit, fait une entrée triomphale. Au bout de quelques titres, le chanteur tient à rendre hommage aux FAMA sur fond d’engagement pour l’AES (Association des Etats du Sahel) rentrée en rupture avec la CEDEAO. Pour traduire sa solidarité aux militaires qui tiennent le pouvoir au Mali, lui et certains de ses musiciens se changent et portent des treillis militaires.
Mais le chanteur est plus connu pour ses chants moralisateurs devenus des messages de régulation de la société. Les chansons de Abdoulaye Diabaté sont populaires et le public profite de ses messages d’unité, de cohésion sociale, de bonnes attitudes. Ce soir du mercredi, la folie qui se dégage du quai des arts démontre le rôle primordial que joue cette scène sur cet espace-là. Après le concert, les populations se sont ruées, tard dans nuit, vers la foire, au grand bonheur des commerçants qui ont encore fait de bonnes affaires.