Comptez-le désormais parmi les artistes qui ont dompté la mythique salle Anoumabo (4000 places) du Palais de la culture de Treichville. L’histoire retiendra que ce 19 juin 2021, l’humoriste Boukary a fait le plein de la salle à moitié couverte. Malheureusement, la météo n’a pas voulu que la fête soit parfaite.
Ce samedi, Abidjan est sous la pluie dès 18h. Certains spectateurs ont précédé la première averse. D’autres l’ont bravée. Avant 20H, la pluie relâche. C’est l’occasion de faire le plein de la salle. Anoumabo est « gbé » (plein à craquer). Le pari est réussi. Une première victoire.
L’entrée de l’humoriste est savamment orchestrée juste après 21H. Un élément vidéo est lancé et Boukary arrive sur scène dans la continuité de l’élément. Et c’est parti pour 1h 40 de délire et de fou rire. L’artiste entre en force. Il emporte la foule. Personne n’est indifférent aux vannes de « Sambiga ».
Mais seulement voilà. Une deuxième averse commence doucement. Quelques spectateurs, dans le carré VIP, se trouvent d’autres places à l’abri de la pluie. Lorsqu’Oméga David, frère de Boukary dans le spectacle, fait son entrée, la pluie redouble d’ardeur. Le carré VIP se vide au ¾. Il y a de nombreux mouvements dans la salle. Ce qui fait perdre de peu, le fil du spectacle. Mais en bon professionnel, Boukary continue de dérouler son spectacle.
Après une heure trente de communion, la majorité des spectateurs se cherchent des abris. L’artiste a compris qu’ils n’étaient plus à leur aise, on était déjà à la fin.
Un gros défi
S’il est vrai que de nombreux observateurs ne s’étaient pas inquiétés de la mobilisation, la question était de savoir quel spectacle Boukary allait-il offrir ? C’est là que l’humoriste était attendu. Et de façon prémonitoire, un professionnel de l’humour avait prédit : « je ne suis pas inquiet pour les trente premières minutes. Mais que va-t-il donner ensuite ? ».
Durant 47 minutes, Boukary était maître de son public. Il y a eu une première baisse de régime avec l’arrivée d’Oméga David. On est sorti littéralement du stand up pour basculer en théâtre. Les réactions spontanées du public ont commencé à se raréfier.
L’arrivée de Zongo sur scène a permis de remonter le niveau. Zongo a eu l’intelligence d’interagir avec le public au sujet de la pluie. Ce qui a réveillé la salle. Mais très vite, le niveau a baissé à nouveau avec le jeu à trois (Boukary, Oméga, Zongo). Avec l’intensification de la pluie, la salle a décroché.
Décor : on pouvait mieux faire
La salle Anoumabo n’étant pas adapté aux spectacles de théâtre et d’humour, nous n’insisterons pas sur les manquements au niveau de la lumière et de la sonorisation. Toutefois, en ce qui concerne le décor, on pouvait mieux faire. Si au niveau de la scénographie, on a voulu jouer sur la simplicité et le naturel, le décor était fade, trop élémentaire. « On dirait un décor de Wozo Vacances », a lâché un observateur.
Encore qu’au niveau des accessoires sur scène, une chaise et une table ont empêché l’humoriste de se déplacer convenablement. Boukary (lorsqu’il était seul) a joué en grande partie côté cour. Déséquilibrant son occupation scénique. Aussi, si pour créer un parallélisme des formes, des box de toilette pour homme et femme ont été installés sur les côtés, celui réservé aux dames, n’a pas véritablement été utilisé. Et que dire du puit formé avec des pneus ?
En somme, le spectacle de Boukary méritait d’être vu. Surtout qu’il connait une montée en puissance depuis plusieurs années. Et le public ne s’est pas fait prier. Mais, avec la cote qu’il a, aujourd’hui, on le juge sur la perfection. Même si cela est du ressort de Dieu, beaucoup de choses peuvent être améliorées.
Sanou A.