Marionnette manipulée par 20 personnes, «Tchangara le géant d’Afrique» en a épaté plus d’un, lors du MASA 2020. Du haut de ses neuf mètres, elle a fait montre du savoir-faire ivoirien en matière des arts de la marionnette, puisqu’elle a été conçue par Ivoire Marionnettes.
Le 21 mars est la Journée mondiale de la marionnette, et ce, depuis 2003. Mais Ivoire Marionnettes a décidé de fêter l’événement durant le Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan, et ce, le vendredi 13 mars, devant des représentants de l’Union Internationale de la Marionnette (UNIMA), et le public présent au palais de la Culture de Treichville, épatés de voir un Géant se rendre du parking principale au parking Niangoran Porquet.
Cela représente peut-être une petite distance, mais faire bouger une marionnette de neuf mètres de haut, cela demande beaucoup d’effort et pas moins de vingt personnes. Parce que «Tchangara le géant d’Afrique» -ainsi a été baptisée cette marionnette- levait les pieds, bougeait bras et tête comme s’il avait une âme.
Cet exploit a été réalisé par Ivoire Marionnettes et a montré le savoir-faire ivoirien en matière de marionnettes. Ivoire Marionnettes, dont la devise est «Créer c’est notre métier», est une compagnie qui existe depuis 2007, qui propose non seulement des spectacles et des créations mais également des formations pour les jeunes en métier de l’art de la Marionnette ; les sortant, en quelque sorte, du marasme social dans lequel ils se trouvent.
Cette compagnie multi-primée a initié le projet de formation «Académie Ivoire Marionnette», avec le soutien de l’OIF, l’UNESCO et l’ambassade de Suisse en Côte d’ivoire. Dans académie, «les apprenants sont formés sur un cycle de trois ans» ce qui «permet de vulgariser l’art de la Marionnette à travers sa transmission et l’encadrement de jeunes talents. Une expérience artistique interdisciplinaire unique en Afrique subsaharienne».
Tout cela a pu voir le jour grâce à Badrissa Soro, un marionnettiste professionnel formé au village Kiyi M’Bock, concepteur, créateur de marionnettes et spectacles de marionnettes, directeur du festival RIMA (Rencontres Internationales de la Marionnette d’Abatta), et président par intérim de la Commission Afrique de l’UNIMA au sein du Comité Exécutif de l’UNIMA Internationale.
«Tchangara le géant d’Afrique» est, sans contexte, le résultat d’un travail de longue haleine au sein non seulement de la compagnie Ivoire Marionnettes mais également au sein de son académie. C’est aussi l’aboutissement à un principe de vie que veut stimuler la compagnie, à un précepte dans lequel se mêle l’excellence, la solidarité et la responsabilité. Et cela se voit à travers «Tchangara le géant d’Afrique» parce que son format fait montre d’excellence, et sa manipulation (avec des fils et un chariot industriel) de solidarité et de responsabilité. Il faut que les manipulateurs soient solidaires entre eux et responsables pour faire bouger un tel colosse et donner une illusion de vie. Un seul faux pas et tous les efforts fournis tombe à l’eau !
D’autre part, d’autres volontés de la compagnie son sous-jacente dans «Tchangara le géant d’Afrique». Celle-ci prône «l’épanouissement humain et la protection de son environnement» car ils «prennent une place fondamentale dans le déploiement de sa créativité». D’ailleurs, le colosse a, aussi, été créé pour «rassembler les peuples en leur donnant un nouveau sourire, la joie de vivre, l’espoir».
Le premier texte qu’il dit -eh, oui, il parle aussi!-, «Paix dans le monde», a été écrit par Badrissa Soro, s’inspirant de citations de grand penseurs du monde. Et le second est «la réponse est soufflée dans le vent» (tirée de l’œuvre de Bob Dylan, «Blowing in the wind»). Les deux textes sont une incitation aux hommes à se respecter mutuellement et à respecter ce qui les entourent, notamment la nature.
Zouhour HARBAOUI